D’Alexandrie à Marseille : où en est la culture euro-méditerranéenne ?

Article : D’Alexandrie à Marseille : où en est la culture euro-méditerranéenne ?
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2 février 2013

D’Alexandrie à Marseille : où en est la culture euro-méditerranéenne ?

Crédit photo : Alda

A l’heure où tous les médias sont braqués vers la cité phocéenne, depuis l’inauguration de la Capitale de la culture 2013 le 12 janvier dernier, il est temps pour moi de surfer sur cette vague du succès pour vous raconter ma ville en mots, en images et en musique. Elle passe ainsi du statut de ville de tous les dangers à nouvelle plateforme culturelle de l’Europe et même de l’Euroméditerranée.

Crédit photo : Ingrid Quefeulou
Crédit photo : Ingrid Quefeulou

C’est du moins la prétention des investisseurs qui ont participé à payer les modiques 600 Millions d’Euros de dépenses occasionnées par l’événement. Alors que le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCem) a ouvert ses portes pour un week-end (avant l’ouverture officielle prévue au printemps prochain), je me suis questionnée sur la nouvelle capitale depuis l’autre rive et sa «fausse-jumelle » Alexandrie.

Pour commencer, j’ai voulu trouver quelques éléments de ressemblance et aussi de divergence, entre ces deux villes. Je vous laisserai en faire autant : cet article est illustré de photos de Marseille et d’Alexandrie. A vous de savoir quelle photo à été prise dans quelle ville. Attention, les apparences sont parfois trompeuses !

Crédit photo : Ursule Louis
Crédit photo : Ursule Louis

En France, l’image de Marseille est la ville désordonnée par excellence, un peu différente des autres villes du pays, on la surnomme même la  « 49ème wilaya » (découpage politique et administratif de l’Algérie). Référence est ici faite à sa population importante en provenance du pays d’Alger la Blanche, mais aussi à ses nombreux petits commerces, ses klaxons et aussi son esprit méditerranéen qui lui donnent tout son charme. Je pensais donc, en arrivant à Alexandrie que j’allais retrouver un peu la même ville, de l’autre côté de la Méditerranée et que je ne serai pas trop dépaysée puisque je restais dans cette grande région de la mare nostrum ! C’était en fait bien plus compliqué que ça ! Avec un peu de recul, je viens ici vous faire part de mes impressions sur cet « esprit méditerranéen ».

Crédit photo : Ingrid Quefeulou
Crédit photo : Ingrid Quefeulou

J’ai ainsi pris encore un peu plus conscience ici que « Marseille, porte de l’Afrique, construite par l’immigration », se distinguait des autres villes de France… par son ambiance plus chaude que le mistral, ses rues un peu en désordre, ses habitants qui n’hésitent pas à vous aborder, bon gré, mal gré, pour vous parler du temps qu’il fait ou du temps qui passe…Tout ce qui nous agace parfois, mais qui apporte un grain d’humanité dans notre monde hyper-sophistiqué et hyper-aseptisé. Car cette étiquette de mauvaise élève lui colle à la peau, la stigmatise, et l’oriente vers des projets comme Euroméd qui parfois lui volent son identité, et celle de ses habitants.

Crédit photo : Ingrid Quefeulou
Crédit photo : Ingrid Quefeulou

Ainsi, nos souvenirs nous ramènent à l’été 2011 où la Porte-d’Aix avait vu débouler une armée de CRS pour garder ses pelouses, après l’expulsion des familles sans logis qui y avaient établi résidence. Des expulsions, il y en a eu d’autres pour donner à la ville ce nouvel éclat promu par les organisateurs de la Capitale Culturelle. Pourtant, si l’on remodèle les rues de Marseille, pour en faire une vitrine pour les touristes et les investisseurs, c’est aussi toute cette culture du Sud, que l’on perdra, culture qui est justement vendue dans le projet Marseille-Provence 2013.

photo
Crédit photo : Ursule Louis

Mais qu’est-ce que la culture du Sud ? Qu’est ce qui construit cette identité méditerranéenne ? Quels sont les points communs entre Marseille et Alexandrie ?

Voici quelques éléments de réponse au regard de mes observations.

J’ai ainsi retrouvé à Alexandrie :

  • la corniche, ses pêcheurs et ses embouteillages

  • le tram, avec une nuance ici, à Alexandrie, les wagons pour femme en tête.

  • les petits et grands restaurants de poissons qui longent le port

  • Les cafés en terrasse, et en tout genre ! Et les pâtisseries orientales dorées au miel.

  • les marchés et autres souks animés, qui me rappellent le marché du Soleil

  • les quartiers populaires, les odeurs d’épices et les cris d’enfants dans les rues

  • les musiques aux tonalités orientales qui s’échappent des voitures ou plus commun ici, des motos chinoises

  • Les jeunes et les vieux en bas des immeubles qui regardent les passants et refont le monde

  • La misère que l’on dit moins pénible au soleil mais qui est bien là et qui s’accroit

Ce que je n’ai pas retrouvé :

Crédit photo : Alda
Crédit photo : Alda
  • Les soirées marseillaises dans tous les bars de la ville (du cours Julien à Noailles) qui jouent les groupes de musique de la région (de Massilia sound system à Keny Arkana en passant par Iam, Ba Cissoko, et Watcha clan) et d’ailleurs et nous font danser toute la nuit
  • Les « bobos » de la Plaine avec leurs boutiques et marchés bio-écolo-équitables qui nous apprennent à re-manger des légumes

  • Les « cagoles » du centre ville qui se trémoussent avec leurs « piloties » qui « rendent tous les garçon fous »

  • Les « cités d’or »  des quartiers Sud aux quartiers Nord ; celles qui font parler de la ville jusqu’au delà des frontières ; qui sont les laissées pour compte des politiques urbaines et qui voient leur précarité accroître avec la gentrification du centre-ville

  • Les mamans en pyjamas et Birkenstocks (marque de chaussure devenue une véritable institution à Marseille) qui vont chercher leurs enfants à l’école

  • La calanque des Goudes et ses cabanons, petit paradis de nature où l’on va passer  « les dimanches en famille ou entre amis »

Puisse cette année de Capitale Culturelle mettre en lumière la vraie ville de Marseille, celle qui fut terre d’accueil à la porte de l’Orient, celle que nous connaissons tous, Marseillais de cœur ou d’origine, et que nous aimons !

https://www.youtube.com/watch?v=9xeK1_nxkjs

Cet article est également disponible sur le site du Marseille Bondy Blog.

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Commentaires

Mourad El Sharaawy
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Bonjour,

j'ai un commenctaire sur votre phrase concernant la musique orientale qui sort des moto chinoises...

c'est pas du tout de la musique orientale, c'est une culture qui est sorti juste apres la revolution, et ce qu'on l'appelle "le festival", une culture de la rue qui est sorti pour parler de la politique, etc.

l'origine est a alexandrie, surtout le quartier de Dekhila, puis le caire a repris ca, en rajoutant des sujets qu'alexandrie n'aborde pas.

un conseil: alexandrie est une ville plus profonde quil semble que vous ne sachiez pas l'aprecier a sa juste valeur.

Merci