Mais, elle était noire la reine de Saba !
Je voudrais vous parler d’une reine au destin incroyable, que l’on nomme souvent, sans presque rien savoir d’elle. La reine de Saba est un personnage mythique qui ne semble pourtant pas encore connu à la hauteur de sa grandeur…
J’ai un collègue que l’on appelle le « griot », car il a toujours les mots justes pour raconter des histoires et flatter les gens. Un matin, en bon séducteur, il voulait me complimenter et me comparer à la reine de Saba. J’étais justement en train de lire son histoire dans le livre de Marek Halter…
A moi de répliquer : « mais elle était noire la reine de Saba »! Sa surprise me donna l’idée de raconter ce personnage…
Selon les traditions juive et musulmane, la reine du royaume de Saba, dans le sud-ouest de l’Arabie, aurait vécu vers le Xe siècle avant J.-C. (Encyclopaedia Univerrsalis)
Makeda, fille d’Akebo et de Bilqîs, fût reine de Saba, un royaume au sud de l’Arabie. C’était une reine à la beauté sans nul autre pareil. Elle perdit sa mère jeune et, avant la fin de son deuil, dut fuir, à cause de Shobwa, le traître de son père, dont elle se souviendra toujours du nom. Akebo le grand ne se remaria jamais, pour lui donner son trône. Il lui légua également son caractère et son esprit guerrier. Dans leur nouvelle ville, Axoum, de l’autre côté de la mer rouge, ils développèrent le commerce, notamment avec le pharaon égyptien.
Un jour, un émissaire envoya à la reine une lettre de salutation d’un certain Salomon, roi de Juda et d’Israël. Intriguée, elle chercha à en savoir plus sur cet homme réputé bon et sage, son peuple et leurs cultures, mais également leur langue, l’hébreu. Elle voulut se rendre en Israël, officiellement, pour favoriser les échanges commerciaux…
Dans le récit biblique de la vie du roi Salomon (I Rois, x, 1-13), la reine de Saba rend visite à celui-ci accompagnée d’une caravane transportant de l’or, des pierres précieuses et des aromates. Cet épisode atteste l’existence de relations commerciales importantes entre Israël et l’Arabie. (Encyclopaedia Univerrsalis)
Tout en lui l’attirait, sans qu’elle ne puisse se l’expliquer. Mais pour conquérir le cœur du roi Salomon, qui avait plus de 100 épouses, il fallait bien plus que la beauté… l’assurance de son regard, les pointes de son caractère et la vivacité de son esprit eurent raison de lui. L’érotisme de leurs joutes verbales accompagnait l’effusion de passions qui déferlait sur eux au moindre regard mutuel.
Toujours selon l’Ancien Testament, la reine avait l’intention d’éprouver la sagesse de Salomon en lui donnant un certain nombre d’énigmes à résoudre. (Encyclopaedia Univerrsalis)
Elle le mit à l’épreuve pour tester sa sagesse. Les réponses du roi, plutôt que de le détourner d’elle, conquirent son cœur et tout son être, qu’elle lui dévoua pendant trois nuits et deux jours.
La tradition musulmane connait la reine de Saba sous le nom de Bilqis. Dans la Sourate des fourmis (Coran, xxvii), elle n’est pas nommée et son histoire est embellie par les commentateurs musulmans. Les Arabes ont donné une généalogie à Bilqis qui place ses origines en Arabie méridionale. La reine est au cœur d’un cycle de légendes très répandu. Selon l’un de ces récits, Salomon, informé par l’une de ses huppes que Bilqis rend un culte au soleil, lui écrit pour lui demander d’adorer Dieu. La reine lui répond en envoyant des présents, mais, piquée par son indifférence, décide de se rendre elle-même à sa cour. Entre-temps, les démons du roi, craignant que celui-ci ne soit tenté d’épouser Bilqis, lui chuchotent à l’oreille qu’elle a les jambes velues et les sabots d’un âne. Intrigué, Salomon fait construire un carrelage en verre devant son trône. (Encyclopaedia Univerrsalis)
Pour rendre cet amour éternel et pour fuir la lassitude du temps, elle repartit dans son royaume… Après tout, se dit-elle, Salomon avait tant d’épouses, qu’il arriverait bientôt un jour où il se détournerait d’elle également. Dans un dernier geste d’amour avant de prendre la route, elle embrassa son Dieu unique, Yavhé, le Dieu d’Israël.
Selon la tradition éthiopienne, Makéda eu un fils, Ménélik, le fruit de son amour avec Salomon et le premier d’une grande lignée de rois africains, qui formait la dynastie royale d’Éthiopie. Certains récits voient ici l’origine des falashas, juifs éthiopiens. Mais ici commence une autre histoire…
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