Un dimanche ordinaire à Marseille

Article : Un dimanche ordinaire à Marseille
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15 avril 2014

Un dimanche ordinaire à Marseille

J’ai commencé à vous parler de Marseille et de mon quartier. Je vous ai présenté quelques personnages. Mais pour rendre le tableau plus complet, je me dois d’aller plus loin dans ma description de cette ville qui se vit avec passion…

« Marseille n’est pas une ville pour touristes. Il n’y a rien à voir. Sa beauté ne se photographie pas. Elle se partage. Ici, faut prendre parti. Se passionner. Être pour, être contre. Être violemment. Alors seulement ce qui est à voir se donne à voir. Et là trop tard, on est en plein drame. Un drame antique où le héros c’est la mort. À Marseille, même pour perdre il faut savoir se battre ». Jean-Claude IZZO, Total Khéops,Gallimard, 1995.

 

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Passants sur la Canebière. Crédit photo : Pascaline

Cette semaine, je vous emmène dans un univers à la Tim Burton, avec des personnages à l’allure parfois effrayante, mais qui se révèlent le plus souvent inoffensifs. Croisés ça et là, dans les rues de ma ville, les couloirs du métro ou dans le hall de la gare, ils méritent que l’on s’attarde à les esquisser, car ils font la ville. Ville que l’on aime autant qu’elle nous exaspère, ville qui nous rend euphorique et colérique, qui nous transforme, qui nous façonne à son image, à la fois rude et fragile.

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Homme au chien, cours Julien. Crédit photo : Pascaline

Mon dimanche avait commencé avec un personnage cher à mes papilles et indispensable à mon quotidien : le vendeur de pâtisseries orientales. Son magasin est un peu comme on imaginerait les contes des mille et une nuits, rempli des mets les plus délicieux, des makrouts fondants vendus au kilo aux cornes de gazelles aromatisées à l’eau de rose, qui vous font de l’œil derrière la vitrine. Nous étions donc parties dans ce palais des délices une amie et moi, pour effectuer une commande. Le jeune homme, ayant vu nos yeux briller devant tant de sucre, nous a offert à chacune un petit assortiment de ses plus fines pâtisseries. Il était alors passé dans notre cœur, du statut de simple mortel à celui de roi des makrouts ! On entrait dans un univers fantastique ! Mais la journée me réservait d’autres surprises…

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Mets délicieux, la Rose de Tunis. Crédit photo : Pascaline

Au parc, où j’effectue mon jogging hebdomadaire, j’ai rencontré aussi moult personnages fantastiques : une dizaine de jeunes sportifs en herbe, qui passent leur temps à fixer obstinément les barres de musculation,  plutôt qu’à les toucher, en espérant peut-être que cet exercice leur permettra de gagner en masse musculaire. Un peu plus loin, un homme qui marche, les deux bras à l’horizontale, probablement en signe de remerciements à la terre mère… Un couple d’amoureux, dont le répit aura été de courte durée devant les allers incessants  des passants, quelques familles avec leurs minots qui squattent le parc à jeu, un autre jogger au look très 70’s, d’autres « djeuns » à l’American style plus actuel…

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Touristes égarés. Crédit photo : Pascaline

Le parc est un univers fabuleux, il est le seul endroit où des buissons solitaires émanent quelques vapeurs de cannabis. Où dans ces mêmes buissons, à quelques mètres de là, on peut retrouver un homme faire ses besoins le derrière à l’air. Et dire qu’on avait l’usage d’y cacher nos ravitaillements d’eau…. Son nom, le parc de « font obscure », véhicule diverses légendes, que mon amie me raconte, pour occuper mon esprit pendant que je cours, et laisse présager des pires scenarii. Pourtant,  jusqu’à présent ce qu’on a vu de plus effrayant c’est ce jeune exhibitionniste plutôt bien foutu, qui se pavanait sur notre chemin, sa corde a sauté de boxeur à la main. Et aussi peut-être, ces affiches de l’élu FN (Front national) qui désormais occupe le fauteuil de la mairie de secteur (13-14). Comme dans les films, les méchants ne sont pas toujours ceux que l’on croit…

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Escaliers de la gare. Crédit photo : Pascaline

Pour finir, j’ai croisé, le soir dans le métro, un homme que l’on appellera « Moïse », une étoile accrochée à un bâton, qui m’a demandé si j’avais du feu. Moment surréaliste. Dommage, j’ai peut-être raté l’occasion de contribuer au message prophétique… Arrivée à la gare, ou un piano a été installé dans le grand hall, j’ai aussi vu un couple venu d’une autre époque d’après le catogan de monsieur et la jupe à volants de madame, et visiblement un peu éméché, dansant la valse au son du piano. Ma journée s’est terminée sur cette scène, hors du temps. Clôture de rideau.

A bientôt, pour de nouvelles histoires fabuleuses…

 

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Badauds sur le Vieux-Port. Crédit photo : Pascaline
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Commentaires

Serge
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Bel article et belles images, j'ai surtout aimé celle de l'inconnu camusien... ;)

Marcel Bidochon
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Article nul, un mauvais pastiche d'un mauvais article de Libé. Du vent.
A vous lire on comprend l'échec de l'educNat

pascaline
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Merci monsieur Bidochon pour ce commentaire pour le moins... instructif et argumenté!