A quoi rêvent les jeunes du monde?

26 février 2014

A quoi rêvent les jeunes du monde?

Salvador Dali, "Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une pomme-grenade  une seconde avant l'éveil", 1944
Salvador Dali, « Rêve causé par le vol d’une abeille
 autour d’une pomme-grenade 
une seconde avant l’éveil », 1944

Hier soir, c’était la fin d’une belle journée faite de belles rencontres et d’espoirs nouveaux. Alors je me suis laissée aller à la rêverie. Comme « Les rêveries du promeneur solitaire » de Rousseau. Sauf que la solitude ce n’est pas vraiment mon truc, contrairement à lui. Je déteste ça. Elle est ma pire ennemie, ma plus grande peur. Donc hier, comme j’ai vu une lueur d’espoir dans mon paysage un peu trop monotone, monochrome et monocorde à mon goût ces temps-ci, j’ai rêvé.

A quoi rêvent les jeunes aujourd’hui, me direz-vous alors que justement, il ne leur est plus permis de le faire. Alors que télévisions, radios, passants et commerçants, tous se sont mis d’accord pour nous empêcher de rêver. A croire que c’est un complot machiavélique contre la jeunesse de ce pays. Que dis-je, de ce monde. Car où sur cette planète a-t-on le loisir de se laisser aller à la rêverie au point, comme Rousseau, d’en écrire un pavé de 200 pages ! Je ne l’ai jamais fini ce livre… Qu’on me le dise, et je prendrai toute de suite un aller simple pour cette destination magique. Je fais partie de cette génération « crise » qui n’a connu que ce mot et sa faculté à occulter l ‘horizon de quiconque s’aventurerait à s’y projeter. Crise du logement, crise des subprimes, crise des banques, crise de l’Etat providence, crise de la solidarité, crise du vivre-ensemble, crise du civisme, crise sociale, crise cardiaque, crise d’identité, crise d’angoisse, crise de nerfs, crise tout court.

Je fais partie d’une génération devenue poétesse de la galère, qui cherche, coûte que coûte à trouver du sens à tout ça, et surtout, qui veut croire à tout prix qu’il existe une bonne étoile au-dessus de nos têtes en laquelle nous pouvons croire. Pourtant, ne vous y méprenez pas, malgré mes petites manières et ma tête dans la lune, la réalité du quotidien vient régulièrement me sortir de ma torpeur. Nous sommes nombreux, je crois, dans ce cas…

Je fais partie d’une génération qui a découvert le monde a portée de clic, mais à qui l’on explique sans cesse que cette liberté, cette absence de frontières, de limites, cette facilité à communiquer avec n’importe qui n’importe quand, cette horizontalité qui replace chacun de nous dans sa condition d’être humain sans se soucier de qui il est, d’où il vient, de qui est son père, quelle est sa religion, de combien il a dans son porte-monnaie…que tout cela n’est qu’utopie, et que le monde réel, lui est beaucoup plus cruel et tient compte de tous ces paramètres-là. Que ce sont même ceux-là qui font tourner le monde…

Alors hier soir, je me suis autorisé à rêver. Pas de célébrité, de gloire ou d’argent par millions comme on nous le vend dans les pochettes surprises de la Française des jeux. Pas non plus de jeunesse éternelle qu’on nous promet sur les pots de crème antirides ou de potion magique vendue chez Go sport. Je n’ai pas rêvé d’une beauté irréelle ajustée à coup de Photoshop que l’on voit sur les affiches du métro et les abris-bus. Je n’ai pas rêvé de voyages au bout du monde dans des complexes hôteliers immenses, exploitants les habitants locaux, et pillant la nature environnante au nom du profit économique.

J’ai juste rêvé d’un petit job, qui me donnerait un peu de liberté pour pouvoir m’en extraire et découvrir le monde à ma manière; d’un « chez-moi » où je pourrais ranger tous mes cartons, mes fringues et surtout mes paires de chaussures, pendant que je voyage; d’un tout petit peu de stabilité qui me permettrait de savoir où je serai dans quelques mois; de projets qui m’ouvriraient un peu plus au monde et contribueraient à apporter mon petit grain de sable pour changer les choses; et de mon amoureux à mes côtés pour pouvoir rêver à deux.

Permettez- moi de rêver. Car ce sont ces rêves qui construiront le monde de demain. Car sans rêve, Martin Luther King ou encore Jiro Horikoshi  n’auraient rien accompli. L’un est mort avant d’avoir vu le sien se réaliser. L’autre a laissé échapper le sien, comme nous l’a conté Miazaki dans « Le vent se lève ».

Car sans rêve, il n’y aurait pas d’artiste, de culture ou de création. Pas de nouveauté, de changement, d’accomplissement. Car sans rêve, il n’y aurait pas ces délicieux réveils où vous avez la certitude que votre journée sera belle et pleine de promesses.

Et vous, à quoi rêvez-vous ?

Je vous propose ici de nous dévoiler vos rêves, qui seront compilés dans un prochain billet si vous êtes d’accord et… inspirés !

 

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Commentaires

Osman Jérôme
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C'est quand même drôle, mais je rêve de rêver moins des incertitudes de demain.

Serge
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Houla, on pourrait dire que nous de la génération perdue II après celle d'Emingway...
Mais, on rêve toujours, de voyager, de connaitre l'Australie, la Californie, ou l'Argentine. Curieusement, un monde en crise, globalisé se propose aux jeunes comme une exigence de connaitre l'autre, d'où le grand paradoxe.
Sinon, pour le rêve: travailler dans ce que j'aime, vivre de ma passion... :)

Ursule
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Je rêve de pouvoir offrir ce qu il m a été donné de découvrir

Khadim
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Voyager, vivre, ne jamais me regarder dans une glace et avoir honte de ce que vois, être là pour ceux qui m'aiment et j'en passe : je pourrais y être encore demain car la liste est longue

Bapt
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Je rêve de me trouver , d être moi , de faire mes choix par amour , envie et non plus par crainte, peur de l'échec et de l instabilité . Je veux que mes rêves ne fassent plus partis de mes envies mais soient réalité, du concret.