Staff (é) Benda Bilili… Très très fort !

24 septembre 2013

Staff (é) Benda Bilili… Très très fort !

Crédit image : www.staffbendabilili.com
Crédit image : www.staffbendabilili.com

Samedi soir, à l’usine, à Istres (région Provence-Alpes-Côte d’Azur), j’ai assisté à un concert. Un concert époustouflant. Un concert d’un groupe hors du commun. Ceci pourrait être la phrase d’accroche, pour vous conter ma soirée. Mais pour vraiment que vous compreniez le sens de celle-ci, il me faudra remonter bien plus loin pour dérouler le fil de l’histoire.

Cette histoire-là va vous emmener très très loin et fera très très fort. On s’envole pour Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, ou ex-Zaïre, comme certains l’appellent encore aujourd’hui. On entend peut-être trop peu parler de ce pays, mis à part pour parler du conflit au Nord-Kivu, ou plus récemment, des athlètes volatilisés lors des derniers jeux de la Francophonie. Ce n’est pas ce genre d’histoire que je m’en vais vous conter.

Laissez vous porter par l’ambiance… On est dans les rues de Kinshasa, en 2005, et l’on rencontre Papa Ricky, Coco, Théo, Roger et tous les autres. Ceux-là font de la musique dans la rue, avec des « instruments rafistolés » (cf. RFI) et ils le font bien. Malgré la galère, malgré le handicap. Car, on l’oublie très vite en les voyant jouer, mais la moitié des membres du groupe est handicapée, des suites de la polio, maladie qui les a forgés, et qui a aussi inspiré les paroles de leurs premières chansons.

La suite de l’histoire est assez inattendue. Certains médias la qualifient de « conte de fées » mais comme cela fait longtemps que je ne crois plus aux fées, je préférerais l’expression du journal l’Humanité :

«Staff Benda Bilili incarne une résilience tissée de combativité »

La résilience, en écho au terme popularisé par Boris Cyrulnic, le « pape »  de tous les travailleurs sociaux, qui signifie « La capacité pour un individu à faire face à une situation difficile ou génératrice de stress. […] La résilience entraîne : la défense-protection, l’équilibre face aux tensions, l’engagement-défi, la relance, l’évaluation, la signification-évaluation, la positivité de soi, et la création. » Enfin, on y est.

 En 2009, les musiciens de Kinshasa sortent leur premier album « Très très fort », enregistré dans le parc zoologique de leur ville. Ils font un premier concert la même année aux Eurockéennes de Belfort puis tout s’enchaîne très vite. Le documentaire, réalisé par Florent de la Tullaye et Renaud Barret, qui les avaient découverts 5 ans plus tôt, sort en 2010 et est projeté à la quinzaine des réalisateurs à Cannes. Il leur fera véritablement une place sous les projecteurs. Emissions télé, radio, articles dans les journaux, la machine médiatique s’emballe. Leur talent fera le reste et les emmènera jouer sur toutes les scènes du monde, loin, très loin des rues de Kinshasa. La sortie de leur deuxième album, en 2012, vient confirmer leur statut de « stars » et leur reconnaissance dans le monde de la musique.

Le chemin parcouru, on le voit aux poils de barbe de Roger, la mascotte du groupe, qui ont poussé depuis les débuts du groupe. Car le petit garçon timide que l’on voyait dans le documentaire a bien changé, alors que ses « papas » n’ont eux, pas l’air d’avoir pris une ride de plus. Son instrument, le satongue, fabriqué avec une boîte de conserve et un bout de bois, qui donne toute la personnalité à la musique du Staff, est même devenu électrique, en même temps que cette musique  s’est faite, elle, plus éclectique.

Alors bien sûr, l’histoire n’est pas toute rose : le groupe a traversé des tempêtes, comme le décès de Nzale, membre originel du groupe et compositeur de la chanson « polio », en novembre 2012. Il y a aussi eu vent de séparation, des tournées annulées pour cause de mésentente, mais le staff est toujours là, pour notre plus grand plaisir, et nous espérons qu’il continuera longtemps à faire danser les foules du monde entier. Nous leur souhaitons toute la réussite du Buena Vista Social Club, le fameux orchestre cubain à qui souvent on les compare et à qui ils doivent même le nom de « Kinshasa Social Club » (cf.Times).

Mais je préfère encore celui de Benda Bilili, qui signifie littéralement « regarder au- delà des apparences ». Et c’est ce qu’ils nous ont invités à faire, samedi, après trois heures de fête et de danse. Car la musique de cette joyeuse équipe de « bras cassés », emprunte à la rumba congolaise, est communicative, et leur joie de vivre aussi, à en croire l’euphorie qui a gagné peu à peu l’audience, et ce drôle de bonhomme à côté de nous en chemise africaine, qui gesticulait dans tous les sens, en imitant les paroles du Staff. Un pur bonheur !

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline.

Et comme les vraies stars ne le sont jamais sans groupies, nous nous sommes prêtées au jeu pour l’occasion, pour aller saluer ces artistes qui, nul ne saurait en douter, savent apprécier pleinement cette partie de leur métier ! Ma seule recommandation, chers lecteurs, pour retrouver un brin de joie à la sortie de l’été, allez voir et écoutez le Staff Benda Bilili, l’effet sera garanti et sans autre forme de contrainte.

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Commentaires

Léonie
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Joli billet ! J'ai appris plein de choses grâce à tes recherches.
Une petite remarque en passant : tu as dû t'approcher bien près de Roger pour voir ses poils de barbe dis donc ?

C.

NathyK
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Superbe ! J'ai adore te lire et c'est comme ci j'y etais.