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Sénégal : comment j’ai désacralisé Dakar ? (deuxième partie)

Il y a quelques semaines, je vous expliquais comment le mythe de la capitale sénégalaise était tombé à mes yeux, en même temps que je découvrais la région de la Casamance et sa capitale, Ziguinchor. J’ai depuis fais plus ample connaissance avec la ville et je me suis même aventurée dans quelques villages alentours. Ce qui me vaut d’entrer un peu plus en profondeur, dans le développement de mes précédents arguments.

En ce moment, la Casamance à la faveur des médias nationaux. La fameuse matinale de la RTS Kenkelibaa à même décidé de fêter ses 5 ans d’existence dans ma nouvelle région. Au détour d’un nouveau voyage à Dakar à bord du navire Aline Sitoe Diata, je me suis donc retrouvée nez à nez avec toute son équipe, dont ma collègue Mondoblogueuse et Casaçaise d’origine, Lucile Ndiaye.

L’émission à mis en valeur la région et montré je l’espère aux dakarois (et aux autres) que  tout ne se passe pas à Dakar et que la région possède des trésors naturels comme les plages du Cap Skirring ou le fromager géant de Diembering qu’on ne trouve nulle part ailleurs au Sénégal. Elle a aussi mis l’accent sur les cultures du Sud, trop souvent méprisées ou même fantasmées (n’a t’on pas peur du vaudou?) plus au nord parce que méconnues.

Le fromager géant de Diembering. Crédit photo : Pascaline
Le fromager géant de Diembering. Crédit photo : Pascaline

Cette semaine, c’est le groupe médiatique de Youssou Ndour, le GFM, qui prend ses quartiers dans la région pour une série d’émissions spéciales.

Ces choix éditoriaux ont sans doute un rapport avec le désenclavement promis par le président Macky Sall et sa deuxième visite programmée avant l’hivernage, accompagné de bailleurs de fonds pour que ses promesses précédentes ne demeurent pas lettre morte. Le défi est de taille.

Car en attendant, la région doit faire face à son manque d’infrastructures, d’équipements et de services administratifs décentralisés, quand il est impossible pour ses habitants de se rendre à la capitale. Parfois, ils n’ont pas le choix, puisque de nombreux services ne se trouvent qu’à Dakar.

Par un malheureux hasard, je me suis retrouvée dans les murs de l’hôpital régional de Ziguinchor. La première chose qui m’a frappée en entrant dans ces lieux, est le manque d’équipements. La deuxième chose est le manque de médecins et de personnel soignant. « Ici on n’est pas en Europe » me disaient mes compagnons d’infortune lorsque je tentais vainement de prendre des informations auprès de l’unique médecin des lieux, débordé.

Ici, les familles assurent la majorité de l’attention qui est portée aux malades. Le personnel soignant pose les perfusions aux patients, et c’est à la famille de contrôler si elles passent bien, ou encore si le malade est bien installé. La salle des urgences se résume à une grande pièce avec des lits alignés et quelques chaises, sans aucun autre équipement que des perches pour installer les fameuses perfusions. L’image des bâtiments aseptisés aux murs blancs et aux odeurs de javel des hôpitaux français remplies de machines sophistiquées me revient en tête… Je suis ici dans un autre univers, et même si j’ai toujours détesté ces odeurs d’hôpitaux, et leurs ambiances glaciales, je me rends compte qu’elles ont leur utilité.

Je réalise aussi que lorsque l’on entre dans ces temples de la médecine moderne, on veut avoir l’illusion de tout savoir : des soins donnés au malade, en passant par le contenu de son plateau repas, les horaires de visite, la durée du traitement… Obsession occidentale du contrôle me direz-vous ? Ou manière de trouver une rationalité face à la maladie ? Peut-être qu’il y a un peu de tout celà. Toujours est-il que lorsque j’ai transposé cette logique dans le contexte que je vous ai décrit plus haut, ça ne fonctionnait pas. Comment garder le contrôle lorsque l’unique médecin n’est jamais disponible pour vous informer, quand les infirmiers se font rares et que la seule information que vous avez se trouve sur la fiche de suivi au bas du lit, et sur l’étiquette de la perfusion.

Alors vous vous improviserez médecin pour l’occasion et vous ferez votre propre diagnostic en fonction de ces quelques éléments que vous aurez, afin de donner des nouvelles à la famille.

C’est aussi la famille qui veille toute la nuit le malade pour s’assurer que tout va bien. La plupart dort dans l’enceinte de l’hôpital, sur des nattes disposées à même le sol, et leurs parents qui habitent la ville viennent leurs apporter à manger, ainsi qu’au malade. Ici, pas de services repas ou de salle d’attente.

Quelques gardiens surveillent les lieux et les entrées et sorties des visiteurs, parfois en faisant du zèle. Dehors, sous les préaux, des malades attendent d’être pris en charge, alors que le médecin est encore pris ailleurs, et que d’autres patients arrivent avec les ambulances.

La nuit sera longue, et chacun fera de son mieux pour apporter sa contribution et son soutien et surtout prier.

Je pensais que le Sénégal était l’un des pays d’Afrique de l’ouest où la médecine était la plus développée. Je pensais même que nombreux étaient les étudiants en médecine venus de toute l’Afrique pour étudier au Sénégal. Mais ça, c’est peut-être à Dakar. Ici, la réalité semble tout autre.

La prochaine fois, je vous parlerais peut-être de l’université de Ziguinchor, que j’ai prévue de visiter d’ici peu, qui, d’après ce que l’on dit ici, souffre du même mal…

Alors au-delà de l’image glamour qu’elle revêt peu à peu, habillée par les discours politiques, la Casamance doit parvenir à transformer ce potentiel touristique en développement concret pour ceux qui la vivent au quotidien. Elle doit permettre d’attirer les entreprises, les investisseurs, les administrations pour que les séjours à Dakar des casamançais ne leur soient pas imposés mais choisis. Cette décentralisation est essentielle pour que les inégalités territoriales soient peu à peu gommées. Car jusqu’à présent, ce sont les populations les plus rurales et souvent les plus défavorisées qui sont les plus pénalisées, les autres ayant la possibilité de se rendre à Dakar fréquemment pour régler leurs affaires tout en profitant du cadre de vie verdoyant de la région.

Alors, à ceux qui disent que la Casamance n’est pas sénégalaise, je dirais qu’elle est pourtant semblable aux femmes du pays : belle et singulière tout autant qu’elle est fière. Et pourquoi ne pas poser la question à Dakar ?…


Comment j’ai fini par m’intéresser à la lutte sénégalaise

Je suis venue plusieurs fois au Sénégal, et je sais depuis longtemps que la lutte est le sport national. Pourtant, je n’avais jamais daigné m’y intéresser avant la semaine dernière. Mais j’ai finalement cédé à la pression médiatique et populaire qui a consacré ce sport dans toutes les maisons, lors du combat entre Balla Gueye 2 et Eumeu Sène le 5 avril dernier.

 

Une couverture médiatique importante

Toutes les télés annonçaient le choc entre Balla Gay 2  et Eumeu Sène. Ces noms ne vous disent peut-être rien, mais ici au Sénégal, ces lutteurs sont aussi connus qu’un Messi ou un Zlatan, pour les amateurs de football.

Crédit photo : Wikimedia commons
Crédit photo : Wikimedia commons

Un clip avait même été tourné pour l’occasion, et plusieurs face-à-face télévisuels avaient été organisés. Dimanche, alors que je séjournais dans la capitale sénégalaise, mes amis m’avaient même conseillé de ne pas sortir le soir à cause du combat, parce que, disaient-ils, certains voyous profitent de l’occasion pour sortir dans les rues, alors que toute la ville est paralysée.


Alors après tout ce vacarme, consignée à la maison, je n’avais finalement pas beaucoup d’options que de suivre le fameux choc. Et puis j’étais quand même curieuse de son issu. L’ambiance dans la maison était à la hauteur de l’effet d’annonce médiatique, d’autant plus que je me trouvais chez les diolas, la principale ethnie de la Casamance, et que les deux lutteurs stars de la soirée revendiquaient leur appartenance à cette région.

Je me suis donc endormie avec les débats sur la victoire inattendue d’Eumeu Sène sur l’ancien roi de l’arène, et réveillée avec les accusations qu’il avait portées contre son adversaire. A la fin du combat, en larme, le lutteur avait annoncé que cette victoire avait un goût amer, car il avait appris qu’on avait profané la tombe de sa mère pour pratiquer des rituels mystiques en faveur de son adversaire.

La polémique enflait, mais je ne comprenais pas tout à fait ce que tout cela signifiait. Un long voyage en bateau vers ma nouvelle région et un compagnon de route bien informé m’ont alors permis de m’intéresser à la lutte d’un peu plus près et surtout à toute la symbolique qui l’entoure.

 

Le renouveau de la lutte avec Tyson

Crédit photo : Wikimedia commons
Crédit photo : Wikimedia commons

La lutte sénégalaise était d’abord un sport traditionnel auquel les jeunes ne s’intéressaient pas beaucoup. Il aura fallu l’apparition, dans les années 1990 d’un lutteur au nom du célèbre boxeur américain, Tyson, pour moderniser et changer la face de ce sport.

La spécificité de Tyson lorsqu’il est arrivé dans l’arène, était de mettre en scène de véritables shows à l’américaine et d’exiger une augmentation de ses cachets au fur et à mesure de ses victoires. Lors de ses premiers combats, ses sorties remarquées à bord d’imposants 4×4 n’étaient sans doute qu’une façon de paraître, puisqu’il travaillait le reste du temps comme chauffeur de bus. Mais depuis, la lutte et l’engouement suscité par ses shows ont généré de plus en plus d’argent, notamment grâce au sponsoring et aux publicités.

 

Les années 90 ou l’identité casamançaise affirmée par le sport

A la même époque, alors que le conflit en Casamance était au plus fort, les revendications identitaires se sont fait sentir en dehors du maquis, notamment dans le sport. C’était la grande époque du Casa sport, l’équipe de football de Ziguinchor, la capitale régionale, et la lutte a vu arriver dans l’arène des champions qui revendiquent leur appartenance à la région. La portée symbolique de ces sportifs casamançais était importante, puisque leur victoire n’était pas uniquement perçue d’un point de vue sportif, c’était comme une revanche de la Casamance sur la suprématie culturelle du « Nord », notamment de Dakar.

Dans ce contexte, le champion qui était à l’honneur dimanche dernier, Balla Gaye 2 a poursuivi, dans l’ombre, son rêve de devenir roi de l’arène en intégrant l’école d’un ancien lutteur du même nom, à Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar. Son père, Doube Less, qui fut champion des Casamançais dans les années 1970-80 est devenu son manager.

C’est au début des années 2000 que Balla Gaye 2 est sorti de l’anonymat par ses victoires successives jusqu’à celle de Yekini, en 2012, qui consacrera son rêve. Il perdra finalement son titre de roi de l’arène en 2013, suite à sa défaite face à Bombardier.

Comme son idole Tyson, le champion Balla Gaye 2 s’était forgé une réputation par ses effets d’annonce avant les combats, lorsqu’il indique avec prétention à ses adversaires comment il va les terrasser. Il s’est aussi distingué des nombreux lutteurs de la banlieue dakaroise par son appartenance revendiquée à la Casamance, et son image d’enfant de la région qu’il s’est construite par ses nombreux voyages et sa rencontre avec les marabouts.

Une affaire de maraboutage

J’ai appris que la lutte est aussi l’affaire des chefs religieux et la lutte sénégalaiserégion est réputée dans tout le pays pour ses rituels mystiques, alors qu’ils se pratiquent en fait partout dans le pays. On dit que les marabouts d’ici sont très puissants, et certains Dakarois ont même peur de venir pour cette raison. Balla Gaye 2 est donc « soutenu mystiquement » par les plus connus, à l’instar du président gambien Yaya Jammeh (marabout à ses heures perdues). Il le revendique haut et fort en exhibant fièrement ses nombreux gris-gris sur son torse de colosse auxquels s’est accroché sont adversaire lors du combat de dimanche dernier. Ces gris-gris et tous les rituels qui précèdent les combats de lutte sont aussi ceux qui alimentent le plus les débats : alors que les plus terre-à-terre disent que Balla Gaye a trop grossi et qu’il ne contrôle plus son corps, d’autres soutiennent qu’il a été paralysé par le poids de ses amulettes. Nous laisserons à chacun le soin de tirer ses propres conclusions pour alimenter les discussions nocturnes autour du thé, qui n’ont pas fini d’être passionnées.

Je comprends maintenant mieux pourquoi dimanche, après la défaite du champion, c’était tout une région qui était en émoi. Au Sénégal, la lutte déchaîne les passions des petits comme des grands, des hommes comme des femmes, et je sais à présent que ce n’est pas uniquement une affaire de sport.


Sénégal : comment j’ai désacralisé Dakar ?

Dakar est-elle au Sénégal ce que Paris est à la France ? Une capitale belle et renommée autant qu’elle est prétentieuse et égocentrique… Je me pose la question, alors que je viens pour la première fois de séjourner « en région » plus de temps que je n’en ai passé dans la capitale sénégalaise, depuis ma récente arrivée.

Quand on parle du Sénégal, quand vous dites aux gens que vous êtes au Sénégal, ils pensent automatiquement que vous êtes à Dakar ! Ils ne se posent pas la question et ils ne vous la posent pas non plus. C’est évident, où seriez-vous autrement ? Le Sénégal n’est-il pas Dakar ?

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

Je parle ici des gens extérieurs au pays, qui ne sont jamais venus ici, au pays de la Teranga (hospitalité). Les stéréotypes ont la vie dure ! Mais confondre Dakar et le Sénégal, c’est déjà pouvoir situer Dakar au Sénégal. Certains penseront quant à eux que Dakar est en « Afrique de l‘Ouest », ce « pays » où il y a Ebola. Cela peut prêter à sourire, pourtant, cette « confusion » à coûté au pays une baisse importante de fréquentation touristique cette année, qui aura sans nul doute des répercussions économiques importantes.

Mais quand vous dites aux Dakarois que vous allez « en région », ou pire, « en Casamance », ils lèvent tout simplement les yeux au ciel et la première question qui leur vient à l’esprit est la suivante :

« Mais qu’est ce que tu vas faire là-bas ? »

Suivi tout de suite d’une affirmation :

« Il faut rester ici, à Dakar ! »

Je dois vous avouer qu’au moment où cette question m’était posée, je n’étais pas trop sûre de ma réponse !

A Dakar, les apparences sont très importantes, primordiales même. Vous n’avez qu’à vous hasarder dans l’une des nombreuses soirées de la ville pour vous en rendre compte. Il faut être au top ! Rien n’est laissé au hasard et c’est aussi ce sens du détail, poussé à l’extrême dans les tenues chatoyantes des Sénégalaises, qui font le charme et la folie de cette ville et bien sûr de ses soirées.

Je fais ce constat sans pour autant dénigrer cette cité qui me captive, m’enivre et me fait me sentir vraiment vivante ! Mais je voudrais faire ressortir ici l’intérêt d’aller voir un peu plus loin, pour enfin découvrir qu’il y a un monde au-delà de Dakar…

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

A Ziguinchor (Casamance), j’ai l’impression que les gens sont tout simplement eux, sans fard. Car ici, « tout le monde se connaît », donc ce n’est pas la peine de faire semblant. Les gens se saluent dans la rue, même lorsqu’ils ne se connaissent pas.

Cela parait normal ici, mais un tel comportement dans une ville comme Marseille vous ferait penser que la personne qui vous salue a tout simplement perdu la tête ! Aussi, on m’a expliqué qu’il n’y avait pas de problèmes pour rentrer à pied la nuit et que c’était sécurisé, car si quelqu’un se hasardait à vouloir vous causer des ennuis, il y aura toujours des personnes qui le connaitront de près ou de loin, et qui sauront en informer son entourage.

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

Ici, on prend le temps de vivre, sans le stress des embouteillages, sans les temps de transport interminables pour arriver à l’heure au travail. Ici, il n’y a pas de Brioche dorée, pas de Gondole, pas d’Ali Baba (fameux restaurants dakarois), mais lorsque je regarde par la fenêtre, je vois un beau et énorme bananier. Et quand je descends dans la rue, je peux acheter oranges, bananes et mandarines de la région et bientôt mangues, mades (fruit sénégalais au goût acide) et noix de cajou.

Quand je me suis posée ce soir, devant la maison, au soleil couchant, en regardant le paysage qui s’offrait à moi, je me suis vraiment sentie privilégiée de pouvoir admirer un tel spectacle chaque jour. Un panorama simple, naturel qui n’a aucune prétention et qui en est encore plus beau. Je crois que la dernière fois que j’ai ressenti une telle sérénité est lorsque je me trouvais au beau milieu du désert égyptien, dans cette petite oasis que l’on appelle Siwa.

La Casamance peut aussi faire penser à une oasis, pleine de verdure et avec une culture propre qui implique des luttes importantes pour pouvoir la conserver. Je viens peut-être de toucher du doigt l’un des enjeux identitaires de cette région et sur lequel j’ai beaucoup à apprendre.

Il y a peut-être aussi moins ici ce que certains appellent « le monopole de la culture wolof », du nom de l’ethnie majoritaire dans le pays, et principalement dans sa capitale. Mais ça, c’est encore une autre histoire…

En attendant, vous l’aurez compris, la Casamance a su m’adopter !


Femmes sénégalaises, femmes d’affaires

A l’occasion de la journée de la femme, je rends hommage aux femmes sénégalaises qui m’ont accueillie dans ce pays où je vis désormais et d’où je partagerai mes découvertes et mes coups de cœur.

J’aurais pu vous parler de toutes les choses qui se sont passées dans ma vie ces derniers jours. J’aurais pu vous parler de voyage, de dépaysement, de nostalgie, d’au revoir, de larmes, de retrouvailles, de sourires, de chaleur…

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

Mais pour inaugurer le renouveau de ces « chroniques sénégalaises », j’ai décidé de vous parler plutôt des femmes qui m’ont accueillie ici, et qui ont su m’apaiser et faire en sorte que je me sente chez moi dès l’instant où j’ai mis un pied dans leur maison. Dimanche 8 mars est la journée mondiale des femmes. L’occasion était trop belle. Certains polémiquent sur les bienfaits d’une telle journée, je n’en ferai rien.

Les femmes sénégalaises que j’ai rencontrées ont pour beaucoup suscité mon admiration. Jonglant sans relâche entre leur vie de famille et leur vie professionnelle, entre le repas, les enfants, la prière, les voisins, les parents (au sens large)…

On voit de plus en plus des femmes leaders, devenir chefs d’entreprise, créatrices, femmes politiques… Un discours accrocheur pour de nouvelles réalités qui s’invitent peu à peu dans le paysage d’une société qui a su conserver ses traditions. Mais au-delà de cette idée en vogue d’empowerment de la femme, il y a des réalités et des choix beaucoup plus concrets qui se posent tous les jours à elles.

Aux femmes sénégalaises…

Vous êtes avant-gardistes lorsque vous déployez un élan de créativité et que vous mettez votre goût pour l’esthétisme pour créer des bijoux, des vêtements, des magazines, des musiques…

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

Vous êtes mûres lorsque vous étudiez dur à l’université pour vous frayer un meilleur avenir, malgré les grèves et les cours annulés si souvent.

Vous êtes organisées lorsque vous supportez la chaleur et les retards des cars rapides pour arriver à l’heure au travail.

Vous êtes battantes lorsque vous négociez sans relâche le prix du taxi, du poisson ou encore des tissus.

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

Vous êtes belles lorsque vous mettez en valeur votre beauté dans des waxs et autres bazins réinventés à la mode actuelle.

Vous êtes fortes lorsque vous restez assises des heures durant pour vous faire tresser et que vous supportez la migraine lorsque c’est terminé.

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

Vous êtes classe lorsque vous assumez votre teint mat qui vous donne des allures de poupées.

Vous êtes sages lorsque vous prodiguez vos conseils et que vous partagez votre expérience de la vie pour apaiser nos peines et calmer nos angoisses.

Vous êtes humbles lorsque vous faites passer vos enfants avant vos envies, que vous vous inquiétez pour eux lorsqu’ils sortent le soir où lorsqu’ils sont malades, mais qu’au lieu d’écouter vos plaintes, vous gérez la situation d’une main de maitre.

Crédit image : Pascaline
Crédit image : Pascaline

Vous êtes pieuses lorsque vous vous levez avec le soleil pour prier et que, 5 fois par jour, vous laissez vos occupations à cette occasion.

Vous êtes courageuses lorsque vous vous réveillez tous les matins pour aller au marché, et ensuite préparer un repas frais et différent chaque jour pour toute la famille.

Pour tout cela, vous êtes des femmes d’affaires.

Alors, le 8 mars ne sera jamais une journée inutile, s’il nous permet de célébrer toutes ces femmes-là, et surtout nos mères.

 


Rwanda, 20 ans après je me souviens

Quelle est la première fois où vous avez entendu parler du génocide rwandais ? Je vous pose la question, tout comme le rappeur Gaël Faye, ce samedi 22 novembre en introduction de la soirée de commémoration des 20 ans du génocide rwandais  au Dar Lamifa à Marseille.

Pour ma part, je crois que j’étais petite, j’avais une copine rwandaise avec qui je faisais de la gym. Pourquoi elle était arrivée en France avec sa famille, je l’ai compris bien plus tard.

Plus tard, il y a eu Corneille, le chanteur rescapé du génocide qui a médiatisé la question.

Plus tard, j’ai vu le film « Hôtel Rwanda », qui présente une version de l’histoire à travers la biographie (controversée) de Paul Rusesabagina.

Plus tard, j’ai compris que le génocide rwandais avait coûté la vie à près d’un million de personnes… parce qu’ils étaient Tutsis. J’ai compris qu’il s’agissait de « l’élimination planifiée de tout une partie de la population, dans un contexte de gestion racialisée de la société rwandaise depuis la colonisation » (Sources : RFI).

J’ai alors compris que les gouvernements français et belge de l’époque avaient été mis en cause pour avoir « contribué à l’émergence d’une idéologie génocidaire », ainsi que toute la communauté internationale « pour n’avoir pas reconnu qu’un génocide était en cours, puis pour n’y avoir pas mis fin ». Enfin, les Nations unies avaient été rendues coupables par leur inaction et leur abandon du peuple rwandais.

« L’ONU avait retiré l’essentiel de ses deux mille cinq cents soldats déployés au Rwanda à la mi-avril 1994, au plus fort des massacres commencés le 7 avril » (Sources : Le Monde).

Mais ça, c’était bien plus tard, bien trop tard. Et pour vous dire la vérité, je suis encore loin de connaitre toute l’histoire…

Car en 1994, je vivais en France, j’avais 7 ans, et l’information m’est parvenue par la télévision, « entre le fromage et le dessert » comme le dit Gaël Faye en même temps qu’une myriade d’autres évènements dont nous étions les spectateurs passifs. En 1994, Nelson Mandela a été élu président de l’Afrique du Sud, il y a eu les JO de Lillehammer, le suicide de Kurt Cobain, le premier accord israélo-palestinien

Et de toutes ces infos qui nous parviennent à longueur de journée, notre cerveau fait le tri, entre celles qui nous touchent de près et les autres. Et tant que nous ne connaissons pas quelqu’un concerné par la catastrophe, elles restent des faits divers froids et sans grande conséquence dans notre petite vie. Parce que nous vivons dans un pays en paix.

Samedi, avec cette soirée de commémoration, Gaël Faye et ses invités sont venus nous faire une piqûre de rappel sur les évènements survenus au Rwanda 20 ans plus tôt : pour que l’on n’oublie jamais, et pour que notre conscience reste alerte face à ces crimes, et que l’on ne laisse pas le monde perpétrer à nouveau de telles atrocités. Il en est de la responsabilité de notre humanité. Car quand un homme est touché, c’est toute notre humanité qui l’est aussi. Tel était le sens de la soirée d’hier et le message que les artistes nous ont fait passer.

Gaël Faye, Edgar Sekloka et Samuel Kamanzi, des « bordels  chromosomiques », comme ils se dépeignent, qui ont chanté leur Rwanda, leur(s) Afrique(s) et leurs dilemmes identitaires avec sincérité et sans artifices :

« Je suis franco-rwandais, et une partie de moi-même à tué l’autre sans me le demander. Le Rwanda et la France m’ont tout donné, je veux être en paix avec moi-même» Gaël Faye feat Jali – Hope Anthem

Des « hommes debout » venus donner de leur temps et de leur énergie positive pour éveiller nos consciences, pour que la petite fille que j’étais mette des mots sur les images qu’elle voyait à la télé à l’époque et devienne aussi une fanm doubout. Des mots pour que nous restions vivants…

Alors en rentrant hier soir, avec les rythmiques de Milk Coffee & Sugar dans la tête, j’ai pensé à la Centrafrique, à la Palestine, à la Syrie… et je suis restée éveillée. Puissions-nous le rester toujours.


Musique : la douceur des Suds à la fiesta 2014

Du 15 au 18 octobre à Marseille avait lieu la 23e édition d’un festival de musiques du monde devenu une véritable institution à Marseille et dans la région. La « Fiesta des Suds » représente un peu le métissage des cultures des Suds que l’on croise dans notre ville. Mais au-delà d’une image idéaliste d’une « cospomolitanie » fantasmée, elle représente surtout des cultures qui se croisent, des histoires, des musiques impossibles à classifier, à étiqueter, à cloisonner.

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Anaïs Chiaruzzi

Trois  soirées de concerts, trois groupes d’amis différents, un rendez-vous annuel des musiques du monde dans notre ville-monde. Beaucoup de Marseillais ne le ratent pas, car il y en a peu finalement, d’évènements musicaux de cette envergure et de cette qualité, dans notre deuxième ville de France, car « tout se passe à la capitale » bien souvent.

Les allées des Docks des Suds étaient bondées, les trois soirs de suite, si bien que l’on avait du mal à déambuler d’une scène à l’autre, comme à une époque pas si lointaine où l’ambiance était peut-être plus familiale dans un festival qui n’avait pas encore prie l’ampleur d’aujourd’hui.

30ans de oaï à Massilia

Je commence à parler comme une « grande » en disant que c’était mieux avant, à mon époque ! L’époque où j’arrivais à Marseille, et où je découvrais quelques incontournables de la ville dont font partie la Fiesta des Suds et le groupe Massilia Sound System. Cette année, les deux étaient réunies, puisque Massilia se produisait le premier soir des festivités.

Les « vieux raggamuffins » à l’accent chantant fêtaient cette année leur 30 ans de oaï pour faire chanter les Marseillais. Mais leur musique n’a pas pris une ride, et leurs paroles décalées et décapantes sont aujourd’hui plus que jamais d’actualité pour refléter l’esprit de notre ville à la porte de l’Afrique. Cette ville qui m’a transformée et modelée, un peu à son image, depuis que je l’habite, hétéroclite et chaotique, avec tous les conflits internes que cela provoque. Au-delà des clichés un peu fantasmés de « cosmopolitanie », Marseille c’est un peu la tour de Babel : où toutes les communautés se rencontrent mais ne se comprennent pas toujours. Massilia ne cesse de le répéter, il nous faut à tous, plus de moments pour être ensemble et faire la fête, comme ce jeudi soir à la Fiesta.

« Les Marseillais de toutes les communautés ont besoin d’espace pour se rencontrer.» Au marché du soleil.

De l’électro mais pas de métro

Marseille est à l’image de ce festival, construite sur des cultures plurielles, qui, lorsqu’elles se mélangent, nous offrent un esthétisme incroyable.

Ainsi, jeudi soir, lorsque l’électro-tango des Argentins de Gotan project à rencontré la gouaille et le charme de Catherine Ringer (des Rita Mitzouko), le moment était magique. On se serait cru transporté dans un film d’Almodovar, avec une héroïne sensuelle et insoumise en proie aux difficultés de la vie, qui ne cesse de se relever pour s’adapter et s’affirmer un peu plus chaque jour.

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Anaïs Chiaruzzi

Ce sera mon coup de cœur de cette année, pour m’avoir fait découvert des artistes et un style musical que je méconnaissais, mettant en valeur toute la magie de la culture latine et du tango argentin, sublimée par une touche d’électro et un soupçon de « french touch » distillé ça et là.

Le lendemain, le charme et la voix de Selah Sue nous ont fait patienter avant de découvrir les artistes du label indépendant Chinese man records. Il y a eu d’abord Deluxe, le petit groupe aixois devenu grand, qui nous à offert un show à l’américaine, me faisant regretter d’avoir manqué leurs premiers concerts intimistes dans les petites salles de la région pour pouvoir comparer. Loin de moi l’idée de jouer la spécialiste, mais j’avais tellement entendue parler de ce petit groupe en vogue, que j’ai forcement été un peu déçue. Peut-être parce que la chanson la plus connue « Pony » est assez différente des autres titres, et un peu plus sobre. Surtout parce que leur musique mérite plus qu’un concert pour que l’on puisse se faire un avis dessus. Je vais donc me donner le temps de les découvrir, et vous inciter à en faire autant…

Puis, il y a eu le tourbillon dans lequel nous ont emportés les DJ marseillais de Chinese man, même après une longue semaine de travail et une marche dans les rues de Marseille faute de métros, bus ou tramway. Événement typiquement marseillais qui a fait plonger la ville dans une ambiance inédite. Malgré cet incident, les allées des Docks des Suds étaient aussi bondées que la veille et la soirée était à la hauteur de la galère pour y parvenir.

 

La folie du rétro

Enfin, le dernier jour du festival aura été l’occasion pour moi de redécouvrir la chanteuse Irma, qui à gagné en popularité depuis que j’assistais à son premier concert dans une petite salle au beau milieu de la citée des 4000 à la Courneuve, avec des fans de la première heure. A l’époque, elle nous avait bluffés tant par sa simplicité et la profondeur de ses textes que par sa présence sur scène. Depuis, la jeune auteur-compositeur à fait ses preuves et elle à sorti un nouvel album, « Faces », avec des influences folk, électro et funk. Depuis, elle a remplacé son vieux bonnet par une tenue aux allures de Mickael Jackson. Mais le talent d’Irma est incontestablement la scène, et ce n’est qu’en live que ses nouveaux titres prennent une autre dimension, et que l’on redécouvre l’artiste des débuts, moins formatée, plus sincère et toujours incroyablement positive et touchante.

La fatigue aura eu raison de moi, et après quelques notes du groupe de ma jeunesse De la soul, et une grosse déception, je suis finalement rentrée chez moi. A l’heure où le « rétro » est la tendance, il est bon de se retourner vers le passé avec nostalgie, mais il est parfois encore meilleur de découvrir les influences des 80s -90s dans la musique actuelle.

 

Merci à Anaïs Chiaruzzi pour les belles photos.


MedNet : un réseau pour l’inclusion des jeunes en Méditerranée

Du 22 au 24 septembre 2014 la ville italienne de  Pise a abrité une rencontre euro-méditerranéenne sur le thème de l’insertion des jeunes en Méditerranée.  Des jeunes de la plupart des pays de la région étaient présents : Maroc, Tunisie, France, Liban, Palestine, Italie, Egypte… Ils ont travaillé ensemble pendant deux jours sur cette problématique pour échanger leurs expériences et proposer des recommandations aux élus locaux et organisations à l’initiative du projet (Oxfam Italia, Giovani si, la région de Toscane). J’ai eu la chance d’être parmi eux, plongée au cœur d’un tourbillon interculturel où débats, curiosité, engagements et échanges étaient les maîtres mots.

Partir de Marseille, faire escale à Barcelone, puis à Rome pour se rendre à Pise (Italie) puis rentrer par Londres; il y avait sans doute un chemin plus rapide pour assister à la rencontre MedNet. Mais Air France en avait décidé autrement, et ce fut un véritable tour des mégapoles européennes qui nous attendait pour arriver coûte que coûte à Pise malgré la grève des pilotes. Heureusement pour nous, de nouveaux compagnons de route nous attendaient à Rome et c’est une coalition franco-germano-marocaine qui prit l’interminable route qui reliait la capitale italienne à la ville de la tour penchée.

Parler de coopération méditerranéenne soulève de vraies questions, au-delà d’un idéal romantique où cette mare nostrum serait notre mère à tous. Comment une mère peut-elle être aussi injuste avec certains de ses enfants ? Comment peut-elle les considérer différemment ?

Si l’on veut parler de relations euro-méditerranéennes qui soient justes et égalitaires, je crois que l’on doit parler d’abord des inégalités qui prévalent encore aujourd’hui, entre tous ces enfants de la Méditerranée. Ainsi, en introduction de la rencontre MedNet, Maher Bouzzi, maire de Kasserine (Tunisie), l’un des bastions de la révolution tunisienne, nous exhorte à combattre ces problèmes, affectant les relations en Méditerranée. C’est aussi lui, qui, à la fin de la rencontre, à brandi son passeport tunisien vers un élu italien, en expliquant que tous deux n’avaient pas le même, et que ce passeport faisait toute la différence. Je crois que l’on aurait dû commencer la conférence par là, car les choses méritent d’être dites si l’on veut avancer.

Parler de la question des visas, très difficiles à obtenir pour les habitants de la rive sud, s’ils veulent se rendre en Europe, alors que nous, Européens, pouvons partir dans leurs régions sans difficultés.

Parler aussi des milliers de morts en Méditerranée chaque année, pour avoir tenté d’atteindre cet eldorado européen en se brûlant les ailes.

Parler du colonialisme et des relations passées entre les deux rives, basées sur les inégalités et l’exploitation, qui affectent, encore aujourd’hui les visions des uns et des autres. Ces relations sont toutefois en train de changer, notamment avec le départ de certaines classes dirigeantes au Sud qui étaient parties prenantes, lors de la « révolution de jasmin ».

Parler de la question israélo-palestinienne, avec une violente offensive de l’armée israélienne sur Gaza encore très présente dans les esprits.

Cette question a cristallisé les débats et nous a amenés à une prise de conscience, car les différents participant à cette rencontre  ne vivent pas les mêmes réalités. Certains vivent dans des pays en paix, alors que les jeunes Palestiniens sont confrontés à l’occupation. Ils la vivent tous les jours, lorsqu’ils vont à l’école, au marché, dans la rue…

« Comment vous faire comprendre avec des mots ce que l’on vit ? Vous ne pouvez pas comprendre. » dira une jeune palestinienne à un élu italien qui tentait d’aborder la question de l’intégration de participants israéliens dans le réseau MedNet qui s’est dessinée lors des rencontres.

Penser la Méditerranée au-delà du prisme Nord-Sud, et au-delà de relations inégalitaires et injustes, qui ont perduré et, qui perdurent encore, n’est donc pas chose aisée. La coopération euro-méditerranéenne n’est pas de tout repos, elle ne peut pas être toute rose non plus, teinté d’une vision orientaliste à l’encontre des pays arabes comme l’a expliqué Gianluca Solera de l’ONG COSPE. Il nous a incités à apprendre les uns des autres sur la citoyenneté, pour arriver à une citoyenneté méditerranéenne, à s’approprier l’espace public et les médias, en créant des alternatives aux « institutions » en place comme la chaîne controversée Al Jazira, à créer nos propres emplois, à développer notre propre idée de ce qu’est le développement.
Cette rencontre fut porteuse d’espoir et d’énergie pour ses participants qui étaient là avec la volonté de changer les choses, tous déjà engagés dans cette dynamique de changement dans leurs pays respectifs de par leurs activités. Dans différents groupes de travail, nous avons comparé les problématiques de nos pays respectifs et expliqué les solutions expérimentées dans ces pays, et comment elles fonctionnaient ou non. Cela a créé beaucoup d’émulation, une incroyable énergie et des espoirs communs.

Quelques participants du meeting venus d'Egypte, du Maroc, de Palestine... Crédit photo : Pascaline
Quelques participants du meeting venus d’Egypte, du Maroc, de Palestine et de France.. Crédit photo : Pascaline

Nous avons aussi beaucoup échangé, en OFF, sur nos cultures respectives, notre vision du monde, nos religions, nos modes de vie… De nombreuses questions furent posées aux uns et aux autres, beaucoup de curiosité, face aux différences, des incompréhensions, des malentendus, mais aussi une surprise d’apercevoir des points communs entre toutes ces identités méditerranéennes qui se croisent et s’influencent depuis des milliers d’années.
Ainsi, pour clôturer la rencontre, Vera Baboun, maire de Bethléem, une ville hautement symbolique en matière de coexistence interreligieuse, aura un discours qui résume joliment ces deux jours que nous avons passés tous ensemble :

« Pour la première fois, j’ai vraiment sentie le pouvoir de la Fraternité en Méditerranée. Cette fraternité doit être prolongée, pour créer des destins de vie plutôt que des destins de mort. Vous êtes assez créatifs pour créer un changement, pour être le changement que vous voulez voir ».

Vera Baboun, maire de Bethléem, Palestine. Crédit photo : Pascaline
Vera Baboun, maire de Bethléem, Palestine. Crédit photo : Pascaline