« Africa fête » : 10 ans de musiques africaines à Marseille

Article : « Africa fête » : 10 ans de musiques africaines à Marseille
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7 juillet 2014

« Africa fête » : 10 ans de musiques africaines à Marseille

Depuis maintenant 10 ans, chaque année à Marseille, les musiques et cultures africaines investissent la ville pour un festival qui leur est dédié, et qui contribue à les faire connaître. Cette année, j’ai pu assister à cette « Africa fête » et j’ai voulu vous faire partager mes impressions, et mes coups de cœur.

Crédit photo : Bill Akwa Bétotè
Crédit photo : Bill Akwa Bétotè

Un soir en rentrant chez moi, dans l’ascenseur, j’ai croisé un jeune couple qui habite à mon étage. Elle, visiblement très intriguée par mes sacs bariolés aux couleurs africaines, me demanda gentiment : « Vous êtes allée en Afrique ? J’ai reconnu les sacs ! », j’ai eu tout juste le temps de répondre « oui ! » que nous étions arrivés à notre étage, et je les ai saluée poliment. Je me suis alors dit qu’un simple « oui » peut contenir beaucoup d’histoires fabuleuses… A mon arrivée à l’espace Julien (Marseille),  ce vendredi 27 juin 2014 pour cette « Africa fête » 2014, lorsqu’un jeune homme du staff  est venu me demander si je connaissais le festival, j’ai eu un peu le même sentiment.  Et j’ai encore plein d’histoires fabuleuses à vous raconter…

Je suis arrivée à Marseille il y a 4 ans et je connais cet évènement depuis à peu près la même époque. Chaque année, soit j’assistais à l’évènement, soit je me le faisais conter par mon réseau d’amis bien informés. On est curieuseblogueuse ou on ne l’est pas!

Mais ce que je ne savais pas, c’est que des grands noms de la musique africaine étaient passés par l’Africa fête. Tout a commencé avec Mamadou Konté, son fondateur, qui avait à cœur de promouvoir (et produire) la musique africaine sur le vieux continent et même au-delà. Il a créé dans les années 80, un festival parisien « dans un esprit de militantisme pour dénoncer les conditions des travailleurs immigrés en France ». Il a ainsi contribué, à faire connaitre des artistes que l’on ne présente plus aujourd’hui, comme Manu Dibango, Salif Keïta, Youssou N’dour, Ismaël Lô, Baaba Maal, Angélique Kidjo ou encore Kassav. Une édition sénégalaise de l’Africa fête a démarré en 2001. Des artistes de la scène locale ont alors vu leur publics s’élargir, comme Didier Awadi qui évoluait dans le groupe de hip-hop Positive Black Soul, Viviane, la chanteuse de m’balax devenue internationale ou encore Takeifa, le groupe pop en vogue qui était l’an dernier sur la scène marseillaise. Il y a 10 ans, naissait l’édition marseillaise du festival.

 

Crédit photo : Bill Akwa Bétotè
Crédit photo : Bill Akwa Bétotè

Mamadou Konté est décédé en 2007, mais son projet continue de faire son chemin dans notre capitale de la Provence qui ne demande qu’à voir se développer de si belles initiatives. Car on parle souvent de Marseille comme La ville africaine sur le territoire français, mais malgré une diaspora importante, les initiatives valorisant les cultures africaines ne sont pas si nombreuses ici ; elles méritent d’autant plus d’être saluées.

La première soirée de cette édition marseillaise avait lieu au café de l’espace Julien, avec la diffusion du très bon film au nom de notre spécialité culinaire locale, « Afrik’Aïoli ». Du même réalisateur que « Les quatre saisons d’Espigoule », ce film reprend le cours de la vie des deux personnages principaux, Jean-Marc et Momo, provinciaux fraîchement retraités qui nous entraînent dans leurs aventures sénégalaises et dans leur choc culturel plus vrai que nature. Il reprend la recette d’un humour complètement décalé et d’un style « documentaire » pour nous montrer les difficultés de confrontation et d’acceptation des différences, entre ces deux cultures du « Sud ».

La projection fut suivie d’un concert 100 % féminin avec le trio polyphonique de femmes béninoises Teriba, invitées pour l’occasion dans l’émission Couleurs tropicales de RFI. Elles présentaient leur travail et le festival aux côtés de Cécile Rata, la directrice de production d’Africa fête.

Vous pouvez réécouter l’émission en cliquant sur le lien ci-dessous. couleurs tropicales trio teriba

 

Crédit photo : Bill Akwa Bétotè
Crédit photo : Bill Akwa Bétotè

Le lendemain, le duo de charme de Debademba est venu nous couper le souffle dans une prestation scénique très théâtrale, mais tout aussi sincère. La complicité des deux musiciens transparaissait sur scène et nous a laissé un sourire sur les lèvres dont on n’a pu se défaire. Mohamed Diaby, le chanteur à la voix d’or et Abdoulaye Traoré, son « grand frère » prodige de la guitare ont fait danser le Tout-Marseille. Connus notamment grâce au bal de l’Afrique enchantée, dans lequel ils se font mercenaires de l’ambiance aux côtés de Soro et Vlad, ils viennent de sortir leur second album, Souleymane.

Le dernier jour, nous sommes venu applaudir le griot guinéen proche des Marseillais de Ba Cissoko, Moh Kouyaté, qui a joué de sa guitare pour venir conquérir le public avec ses sonorités jazz aux accents mandingues. Juste après, nous avons eu le plaisir de découvrir le groove festif et communicatif de Mamar Kassey, comme un plongeon dans une culture nigérienne trop peu connue, avec des notes empruntées aux différentes ethnies de cette région  (peul, tamaschek, haoussa, songhai).

Crédit photo : Bill Akwa Bétotè
Crédit photo : Bill Akwa Bétotè

Si ces groupes de musique se font peu à peu une place dans le genre un peu fourre-tout des musiques du monde, ils méritent encore d’être connus d’un plus large public, et ce n’est que par des initiatives comme l’Africa fête qu’ils pourront peu à peu investir les scènes du monde entier.

J’ai une bonne nouvelle pour mes amis des différents pays africains, qui voient souvent leurs artistes partir à l’étranger pour essayer de vivre de leur art sur des marchés plus prospères.

Cette année, le festival Africa fête devient itinérant, et en plus de son édition sénégalaise prévue en décembre 2014 (production Tringa Musiques et Développement), il sera implanté au Bénin en septembre (co-production AAP) et pour la première fois au Cameroun en novembre (dans le cadre du Festi Bikutsi, co-production Irondel). C’est donc une nouvelle incursion sur le continent pour faire connaitre les cultures africaines auprès des publics africains, car ne l’oublions pas, l’Afrique n’est pas un pays !

 

Merci à Bill Akwa Bétotè pour ses jolis clichés de l’évènement.

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Commentaires

Serge
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Super ce Festival... même s'il n'y avait pas ni Fally ni Ferré Gola, les tops en Afrique en ce moment ;)

pascaline
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C'est vrai, Serge. C'est là où l'idée de festival itinérant, à la fois en France et en Afrique prend tout son sens je trouve. Car souvent, les artistes plus connus en Afrique le sont moins ici, et inversement. Mais ton commentaire pourrait être une invitation pour le prochain festival, qui sait?! Il y avait des congolais de Brazza, que je n'ai pas mentionné car je n'ai pas pu assister au concert, dans un style un peu plus roots : Les tambours de Brazza https://www.youtube.com/watch?v=pIY01cFAoIg

Julien
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Merci pour ce billet.
Tu m'as fait découvrir cet festival ; j'espère que son passage au Sénégal m'y trouvera.

pascaline
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J'en suis ravie! Je l'espère aussi. Il mérite vraiment le détour.