pascaline

Les embouteillages dans le monde des blogueurs

Crédit photo : A travers
Crédit photo : A travers

 D’Haïti passant par l’Egypte, le Cameroun, le Tchad, le Mali et la Côte d’ivoire, les embouteillages se ressemblent mais ne se vivent pas de la même manière. Comme une mosaïque, ce billet fait escale dans chaque pays.

« Ayiti se yon peyi blokis » (Haïti est un pays d’embouteillages), Jérôme Osman

https://www.youtube.com/watch?v=pu3kG8BdQsA

  « Ayiti se yon peyi blokis » (Haïti est un pays d’embouteillages), a craché Wanito dans son hit musical, titré « blokis » (embouteillage). Même si le fond de la chanson a été plutôt porté sur les monstrueux bouchons observés presque chaque jour dans la capitale haïtienne, le jeune artiste en a profité pour dresser le portrait d’un pays, dont la quotidienneté est faite d’embouteillages. En effet, dans cette courte réflexion, je vous invite plutôt à embarquer avec moi dans les Banques commerciales, où des blokis, sont toujours observés.

 Haïti, 8h du matin. Les comptoirs des Banques commerciales sont souvent débordés de clients. Ils sont venus très tôt faire une place pour éviter les embouteillages, toujours présents dans ces institutions après l’ouverture. A Saint-Marc par exemple, qu’ils soient à la BNC, UNIBANK ou SOGEBANK, c’est toujours le même constat de tous les jours : des longues courbes qui font flipper les gens devant les comptoirs pour faire une quelconque transaction.

 Faire un dépôt ou un retrait dans une Banque commerciale de la place se révèle souvent un casse-tête chinois. A moins qu’on soit VIP, personne handicapée ou femme enceinte ; ce qui peut (parfois) vous passer de ces interminables files, qui ne grouillent presque pas.

 Moi personnellement, je me rappelle avoir patienté plus de deux heures dans une longue file à UNIBANK avant d’atteindre la caisse de service. Pire, quand j’y suis arrivé, le caissier m’a informé qu’il se posait un problème de système pour la transaction que j’ai souhaitée réaliser. Donc, imaginez le taux de ma colère et de ma déception.

 A part la lenteur des employés, due probablement au système de travail, le client, debout dans la file doit aussi faire face au phénomène de Moun pa (partisannerie) ; une vieille pratique, présente dans presque toutes les institutions publiques et privées du pays. Bien souvent, celui qui arrive le dernier sera reçu en premier. Ce, parce que l’un des agents de sécurité ou un quelconque employé de l’institution est son ami ou membre de sa famille. Suivez mon regard !

 Calcinés d’impatience, certains clients ne mâchent pas souvent leurs mots pour qualifier d’incompétents, les employés qui, semble-t-il n’ont pas été formés à répondre à de telles exigences. Pendant que d’autres, moins vaillants préfèrent abandonner la file.

 Depuis quelque temps, on remarque une légère amélioration, surtout avec l’arrivée du service de l’ATM (des petites caisses automatiques disponibles en pleine rue) dont disposent certaines Banques. C’est plus que pas mal, certes, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan d’efforts que doivent consentir les patrons, en vue d’améliorer les services de ces institutions.

 Au Caire, les embouteillages sclérosent la ville, engorgent ses artères, et polluent son air, Pascaline

 Je sais maintenant que je n’avais jamais vécue pleinement la notion d’embouteillage avant d’arriver au Caire. Elle prend tout son sens dans cette ville qui ne dort jamais, et qui ne laisse donc jamais de répit à ses conducteurs, qu’ils soient de taxi, d’autobus ou de voitures particulières. C’est peut-être le seul espace de la ville où tout le monde est logé à la même enseigne, qu’il soit riche, où moins riche, propriétaire d’une berline somptueuse ou simple passager d’un bus bondé.

Les embouteillages du Caire sclérosent la ville, engorgent ses artères, et polluent son air. Les taxis jaunes, noirs ou blancs de la ville tentent de se frayer un chemin dans ce capharnaüm pour satisfaire leurs clients pressés. Ils pilent, redémarrent, doublent à droite, ou à gauche, font demi-tour, prennent des chemins détournés, mais rien a faire, une rue embouteillée aura toujours raison de ses détracteurs.

Les seuls bénéficiaires de la situation, les piétons, jamais prioritaires, qui peuvent profiter de l’arrêt parfois total des véhicules sur la chaussée pour pouvoir enfin la traverser, sans risquer de se retrouver emboutis par le capot d’une voiture, d’une moto chinoise voir même d’une charrette à cheval.

On peut même dire sans exagérer, qu’il y a une vie dans les embouteillages. Les vendeurs de mouchoirs, de bouteilles d’eau et autres laveurs de vitres sont ici pour le prouver. Ils se fraient un chemin entre les voitures à l’arrêt pour proposer leurs produits aux conducteurs impatients, prêts à répondre à tous leurs besoins sans qu’ils aient à se déplacer.

Les taxis aussi, deviennent des hauts lieux de socialisation, puisque pris dans un trafic qui n’en finis plus, clients et conducteurs peuvent donner libre court aux conversations les plus variées : de la politique à leur situation familiale en passant par le niveau 0 de leur compte en banque, comme en témoigne le livre « Taxi » de Khaled Al Khamissi, témoignage précieux d’une société égyptienne post-révolutionnaire.

Et si les embouteillages au Caire reflétaient tout bonnement cette société égyptienne immobilisée par la corruption, les inégalités, le système scolaire à deux vitesses, les difficultés quotidiennes, encore en vigueur aujourd’hui, plus de deux ans après la révolution ?

Au pays de l’ivoire, Saviez-vous que les abidjanais perdent en moyenne 2 heures/jour dans les embouteillages, ce qui revient à 20 jours/an, Cyriac Gbogou

   En Côte d’Ivoire et plus principalement à Abidjan, la circulation mérite une attention de plus en plus particulière. Selon une information donnée par Monsieur Florent Youzan (Fondateur de la plateforme Afriworkers)saviez-vous que les abidjanais perdent en moyenne 2 heures/jour dans les embouteillages, ce qui revient à 20 jours/an? 

 A cela, nous pouvons ajouter, ralentissement, route endommagée, feu non fonctionnel, travaux en cours sur les voies, accident de la circulation ou fluidité routière. Mais malheureusement les usagers de la route se retrouvent bien souvent coincés dans des itinéraires qu’ils auraient pu éviter s’ils avaient simplement eu cette information.

 Voila donc ce qui a motivé la création de la plateforme « CivRoute »L’info routière participative dans laquelle la population peut et doit s’impliquer pour une meilleure sensibilisation et régulation de la circulation routière. « CivRoute » est donc une action citoyenne.

Crédit photo : studio 7
Crédit photo : studio 7

 Trois moyens pour alerter :

– Via le site : En vous rendant sur le site https://www.civroute.net, cliquez sur « Donner une info routière ». Il faut ensuite remplir tous les champs du formulaire. N’oubliez pas de choisir une catégorie, d’indiquer vos coordonnées et de mentionner le lieu sur la carte. Vous avez la possibilité d’y ajouter une photo.

– Via SMS : envoyez votre info routière par SMS au numéro suivant 55 39 24 24 ou au 49 95 33 95 en indiquant le lieu et l’information en question.

 – Via les réseaux Sociaux : envoyez un Tweet suivi de #CIvroute oulaissez un message sur la pagefacebook.com/civrouteou par mail à : info@civroute.net

 Plus d’infos : https://www.youtube.com/watch?v=-TdY6PbfVDk

       https://www.france24.com/fr/20120917-tech-24-afrique-numerique-fibre-optique-telephone-portable-mobile-internet-cote-ivoire-embouteillages-crowdsourcing-sms

A Bamako, c’est un casse tête chinois. C’est coincé de partout, Michel Thera

 « Casse tête », « Chacun pour soi, Dieu pour tous » ! Pour circuler dans la capitale malienne, mieux vaut se prémunir de ces maximes là. Car à Bamako, le scénario de la circulation ressemble à ça : écart, queue de poisson, dépassement sur la droite, défaut de panneaux de signalisation, le tout accompagné parfois d’injures grossiers entre usagers.

 Cependant, cette ville est équipée d’infrastructures routières assez modernes et acceptables (même si cela reste insuffisant). En effet, il y a trois ponts qui relient les deux rivent du fleuve Niger sans oublier les quelques échangeurs dont le tout dernier est à usage multiple.

 Malgré tous ces efforts dotant la ville d’infrastructures routières acceptables, les routes goudronnées restent peu nombreuses. Ainsi, plus on se rapproche du centre-ville et du grand marché, plus la circulation se densifie avec son lot de bouchons. C’est aussi dans ces environs que les routes sont le plus détériorées.

 A Bamako, plus que les embouteillages et l’état des routes, c’est le comportement des usagers qui choquent : par ici un nid d’oiseau, plus loin une bande d’écoliers traversant en courant, de l’autre coté deux SOTRAMA (muni-bus assurant le transport commun à Bamako) faisant la course aux passagers.

 Dans cette cacophonie, le cheval de fer (la moto, en occurrence Jakarta) semble vulnérable, mais semble tout aussi incontournable. Car elle (la moto) reste le moyen de locomotion qui permet d’aller d’un point de la ville à un autre rapidement sans être englué dans les bouchons.

 Pour finir, retenez tout simplement qu’à Bamako le problème relève plus de l’insuffisance et de l’état de l’infrastructure routière ainsi qu’au comportement des usagers qu’a l’importance du parc automobile.

Au Tchad… N’Djamena devient de plus en plus agaçant, Abdhallah

N’Djamena, capitale du Tchad connaît ces derniers temps une croissance démographique importante ainsi que l’augmentation des moyens roulants. Circuler à N’Djamena devient de plus en plus agaçant.

Il est 18h. C’est l’heure où dans les villages sahéliens à vocation pastorales, les éleveurs ramènent leurs bétails dans les enclos après les avoir fait paître toute la journée. Il est sensiblement la même heure à l’avenue Mobutu. Une pagaille monstre règne. Un troupeau de bœufs venant du fleuve Chari bloque la circulation. Pris en sandwich par les véhicules dans les deux sens, paniqués par les klaxons, les animaux font une parade entre les usagés créant un embouteillage sans fin.

Il a raison le journaliste qui a qualifié la capitale tchadienne de « grand village sahélien ». Le centre ville, qui abrite pratiquement tous les ministères et les citées d’affaires, n’arrange en rien la situation. Pour y accéder, il n’y a que deux voies principales: l’avenue Mobutu et l’avenue Charles De Gaule.

Le matin, une multitude de personnes semblables à un essaim d’abeille y convergent. Des piétons, des cyclistes, des motards et des chauffeurs sont au rendez-vous. L’embouteillage n’est pas en reste. Circuler aisément dans la capitale tchadienne n’est qu’une simple illusion. L’augmentation croissante des usagés de la route face à un nombre réduit de voies est à l »origine du phénomène.

A Douala, c’est le calvaire aller-retour, Josiane Kouagueu

 Un soir, tout heureux de rentrer chez soi, on est stoppé net à l’Est de la pénétrante ville de Douala. Nous sommes à quelques mètres de l’aéroport international de la capitale économique du Cameroun, sur le principal axe Douala-Yaoundé. Une longue file de voitures nous fait face des deux côtés de la ville. L’horizon n’est pas visible. Des coups de klaxon résonnent de toute part. Des jurons se font entendre. Un policier, tente sans succès de discipliner les moto-taxis qui refusent de suivre le rang. Il transpire à grosses gouttes. Les hurlements d’une ambulance se noient dans le vacarme.

L’attente est longue! Plus de Cinq heures dans les embouteillages au quartier Village à Douala. Matin et soir, rien ne change. La route suffisamment étroite, ne peut rien. Le retour de tout chef de famille du travail devient un instant de malheur. Ça fait des années que ça dure ! De l’argent perdu, du temps évaporé, des rendez-vous ratés. L’embouteillage n’est pas accepté, mais toléré. «On va faire comment ? », te répond un habitant, tout résigné.

Allez portez-vous bien !

 Edité par Danielle Ibohn.

 Cet article est également disponible sur les blogs suivants :

https://lautrehaiti.mondoblog.org (Haïti)

www.cyriacgbogou.ci (Cote d’Ivoire)

https://michouthe.mondoblog.org (Mali)

https://abdallahboss.mondoblog.org (Tchad)

https://josianekouagheu.mondoblog.org (Cameroun)

https://natila.mondoblog.org (Cameroun)

 


« Une ville devient un univers lorsque l’on aime un seul de ses habitants »

Crédit photo : Kariem Saleh
Crédit photo : Kariem Saleh

Du 28 mai au 2 juin à Marseille, avait lieu les premières Rencontres internationales des Cinémas Arabes, organisées par l’association AFLAM. Une occasion pour moi de me replonger dans l’ambiance Alexandrine le temps d’un film, et de partager ma nostalgie avec mes camarades de là bas. 

Dear Alexandria,

I saw you on the cinema screen last week and I remembered you. It was for the International Festival of Arab Cinema in Marseille. The movie I went to see was called « Hawi » and speaks about different characters with no apparent links; nevertheless the story shows us and shows them that they are all in fact caught up in the same adventures, with a different face for each one.

I just went there in order to feel and experience your mood again. But I certainly wasn’t prepared to see my colleagues on the screen! Alex is like a little village, where you can always find someone that you know. This is the magic thing about you: I hate you, I love you, but I still feel you inside me! I would like to write the new « Justine », more than 60 years later. But I can’t. Because there is not only one Justine in Alexandria. And all the characters are so complicated that it was impossible for me to totally understand them. But as in the movie « Hawi », we were all linked together.

Because in Alex, you never exist alone, you’re always part of a group, a community and I feel that you can’t survive without it. However, at the same time it is also getting on your nerves! ! So what more could I say about Alexandria now? Perhaps I can just talk about what I miss.

I miss sitting in the café baladi, playin taoula (backgammon) and drinking « shay bel nenaa » (tea with mint).

I miss discovering the people in the taxi whether strange or funny, who I was proud to tell I lived there.

I miss going from Montaza to the corniche at sunset and watching the sea, thinking about Marseille on the other side.

I miss trying to speak Arabic and seeing this very special smile on people’s faces when I did.

I miss sitting and staying among the people, just enjoying the mood of the moment, watching their reactions, while they were chatting although I didn’t understand the lyrics, but just the feelings.

I miss the smell of chicha when I pass in front of the cafés, and the voices of the old men chatting loudly together passionately.

I miss drinking Nescafé with my colleagues while speaking about the political news or the holidays plans.

I miss sitting in « Spitfire » (the well known bar in Mansheya) and listening to an old Egyptian sailor or a French artist telling me about their stories or what books I should be reading.

I miss eating the special « Chocolate molton cake » of Brew and Chew, in Fouad street with my friends, speaking about life, gossip, boys and diamonds.

I miss going to Siwa and enjoying the « nothingness » of the desert after the hustle and bustle of the city. I also miss the melancholia of the winter evenings, waiting for that time to pass.

And finally, I miss Massar egbari‘s concerts!

I miss enjoying every moment of my life there as an experience, even the worst ones.

I miss the feeling of learning something from life everyday, feeling that I’m stronger than the day before and that I am beginning to understand the city and how it works.

I changed a lot staying with you, and I now understand everyday more than the day before, why.

Dear Alex, you are as exhausting as you are charming. This is your paradox. And I miss it.

Have a nice summer.

Pascaline


Keny Arkana ou la rage du peuple dans le bide

5ème soleil - Fixé with Keny Arkana, par Karl-Ludwig G. Poggemann (Flickr/CC)
5ème soleil – Fixé with Keny Arkana, par Karl-Ludwig G. Poggemann (Flickr/CC)

Mardi dernier à l’Espace Julien à Marseille, Keny Arkana, la fille du pays donnait un concert de soutien au journal CQFD, nous faisant découvrir son dernier album « Tout tourne autour du soleil » et aussi redécouvrir d’anciens titres qui valaient le détour. C’est l’occasion pour moi de revenir sur cette grande artiste.

Crédit photo : Pascaline.
Crédit photo : Pascaline.

La pression est grande de rédiger un billet sur celle dont les textes ont inspiré le titre de mon blog : entre médina et belle étoile, en hommage à son premier album « Entre ciment et belle étoile »Par où commencer donc, pour vous donner un aperçu de l’artiste, de son combat et surtout vous donner envie de creuser un peu, de prendre le temps d’écouter ses textes ?

Petit bout de femme au fort accent marseillais, son énergie et son opiniâtreté nous donnent l’impression qu’elle pourrait déplacer des montagnes. De son enfance difficile et de son expérience en foyer, elle tire ses premiers textes et sa persévérance pour dénoncer les failles d’un système de protection de l’enfance qui aurait voulu lui couper les ailes (Eh connard !, J’me barre).

Elle fait ses premiers pas sur la scène marseillaise à la fin des années 90, âge d’or du rap marseillais représenté par des artistes comme Iam, Fonky Family, Troisième Oeil… à qui elle rend hommage encore aujourd’hui, lors de ses concerts « à domicile ». De là vient son attachement sans faille à la citée phocéenne qui apparaît comme un ancrage à sa recherche artistique (Marseille, Capitale de la rupture).

Artiste sincère pour gens sincères

Elle assume et revendique sa vie d’artiste sincère pour gens sincères, qui n’est pas un produit de l’industrie et du matraquage télévisuel et qui a fui le système dans lequel on voulait la contraindre. Keny Arkana n’est pas de ces superstars qui, une fois le succès au rendez-vous, troquent leur message pour embrasser Babylone et ses illusions. Celle qui cherche le nombre et pas le chiffre reste fidèle à elle-même, passant son message au plus grand nombre, pour qu’ensemble, nous arrivions à une mondialisation de la lutte. Mais de quelle lutte parlons-nous ici ?

La rappeuse veut porter la parole de tous les oubliés du monde, des pays oubliés jusqu’aux oubliés de nos pays pour unir leurs combats vers une mondialisation de la rébellion. Elle transcende volontairement les clivages établis entre les peuples, entre les gens, persuadée que c’est ensemble que nous vaincrons la mondialisation effrénée, le capitalisme, le néocolonialisme, l’injustice, le rejet et l’exclusion institutionnalisés.

Si certaines de ses chansons dénoncent une situation en particulier, l’ensemble de ses textes prônent toujours une indignation combattive et constructive.

La rue, véritable source d’inspiration

Dans « La mère des enfants perdus », elle brosse le portrait d’une rue de tous les vices, de toutes les débrouilles, une rue digne du film « Comme un aimant », sans scrupules et sans cœur qui se nourrit de ces âmes perdues, si jeunes et en pleurs, en manque d’amour… Mais sans en faire l’apologie, elle démystifie la rue, et son attirance chez les jeunes pour qui elle peut représenter un refuge.

Dans « Victoria », elle nous parle de la lutte des piqueteros (chômeurs grévistes) en Argentine, face à la crise économique et au chômage, atteignant des taux records en 1995. A cette époque, les piqueteros bloquent les routes pour bloquer l’économie du pays pour se faire entendre dans un pays à la solde du FMI et endetté jusqu’au cou.

Dans « Pachamama », elle rend un hommage à la Terre Mère, au nom de tous ses enfants, ceux qui la vénèrent comme ceux qui l’exploitent pour le profit économique.

https://soundcloud.com/hlibertas/keny-arkana-alterlude-pachamama

Malgré la gravité des sujets abordés, la prose de Keny Arkana comporte toujours de l’espoir, une force que chaque être humain porte en lui. Elle nous incite à nous affranchir des barrières établies par ceux qui ont peur de la liberté, qui ont peur de rêver, qui ont peur de penser, qui ont peur du changement,[…] qui ont peur de la différence, qui ont peur de leur prochain, qui ont peur de la chance, du bonheur et du lendemain.

Elle exhorte les gens simples à se lever contre les ordres comme si elle reprenait le flambeau d’un Stéphane Hessel qui n’est plus : jeunesse et peuples du tiers monde nous marcherons à tes côtés, ta luttes est la notre tout comme notre lutte et la tienne, justice et liberté pour tous les habitants de la terre.

Une artiste qui s’adresse à chacun de nous

Profondément humaine et pleine de cœur, la rappeuse s’adresse à tous, insoumis, sage, marginal, humaniste ou révolté. Son expérience nourrit son rap et son rap lui donne envie de faire des expériences (collectif de Noailles « La Rage du Peuple », participation aux forums sociaux mondiaux et réalisation de films).

Mais ce qui me touche le plus dans la plume de Keny Arkana, jamais trop pompeuse et toujours juste, c’est sa capacité à me rassurer quand je ne vais pas bien, à me transmettre sa rage et me convaincre de me battre pour mes idéaux, pour un mode de vie qui ne rentre pas dans une boite,

  • en dépit des jugements qu’il suscite,
  • en dépit des obstacles qui se dressent sur ma route,
  • en dépit des gens qui s’en détournent,
  • en dépit des portes qui se ferment,
  • en dépit des angoisses qu’il crée chez moi,
  • en dépit des clichés desquels je veux me soustraire,
  • en dépit de la perte de repères que cela engendre…

Alors Keny, malgré tout ça, je n’oublie pas en mon âme cette flamme allumée, je n’oublie pas l’enfant en moi et les rêves qui l’animaient et je m’en vais là où mon cœur me porte.

Film Un autre monde est possible, Keny Arkana

https://www.youtube.com/watch?v=9HZgQwfYC80

Film Marseille, capitale de la Rupture, Keny Arkana

Alda et Pascaline


Santé, beauté : manuel de survie des trappeurs avertis

Comment voyager en restant en accord avec ses principes? Comment trouver des produits sains et naturels en voyage ? Comment se soigner avec les produits locaux ? Comment éviter les produits nocifs pour la santé, la nature et qui nourrissent des firmes multinationales aux pratiques douteuses? Voici quelques réponses…

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

En discutant avec des amies, je me suis interrogée sur les principes d’écologie, de respect de l’environnement, et de notre propre santé, que l’on laisse souvent à la maison lorsque l’on part en voyage. Il est vrai qu’en théorie, on aimerait tous éviter de consommer des parfums chimiques, des gels douches à base de paraben ou de tous ces produits toxiques que l’on consomme tous les jours et qui sont aussi mauvais pour la planète que pour notre corps.

Mais lorsqu’on est routard, on prend ce que l’on trouve, et l’on n’a pas forcément ni le temps ni les moyens de chercher des produits sains, écologiques et naturels à la fois, pour notre toilette, notre pharmacie et même notre maquillage.

Il y a aussi l’idée souvent fausse, que l’on doit tout emmener (pharmacie, produits de beauté) avec nous, car on ne trouvera rien dans notre pays de destination. Alors n’hésitez pas à pousser la porte des herboristeries et autres souks aux épices, ou à écouter les conseils de vos hôtes, qui vous seront souvent d’une aide précieuse!

Mes amies voyageuses m’ont fait une petite liste de leurs produits santé et beauté (le plus possible) au naturel. Je vous la dévoile avec leurs secrets, et les lieux où trouver ces produits… Il faudra bien sûr adapter cette liste aux pays ou vous comptez vous rendre. Il s’agit ici de quelques généralités, qui vous seront utiles, et s’appliquent en particulier si vous voyagez dans les pays du Sud.

– Diarrhée, désordre digestif, le 1er mal du voyageur : argile blanche à laisser décanter

– Etat grippal, crampes et courbatures : chlorure de magnésium -en magasin bio

– Chocs émotionnels : Spray de fleure de Bach (Rescue) -en pharmacie

– Contractures du sac à dos : Huile d’arnica -en pharmacie

– Coups : Granules d’arnica -en pharmacie

– Infections urinaires : jus de cranberries -supermarché, boutique

– Mycoses et autres infections : Pépins de pamplemousse -Magasins bio

– Acné : dentifrice sur les boutons pour les assécher, le soir avant de se coucher ou argile verte en masque -supermarché, boutique

– Mycose, acné, pellicules, toilette, démaquillage : savon d’Alep -vendeurs d’épice, boutique

– Anti-poux, anti-acariens : vinaigre blanc, lavande -boutique, marché

– Puces, moustiques : huile de moutarde pour éviter de se gratter; lavande sur l’oreiller pour les éloigner -magasins bio

– Plaies ouvertes : curcuma directement dessus et en manger pour s’immuniser -vendeurs d’épices, boutiques

-Aphtes : bicarbonate de soude ou propolis (fonctionne aussi pour le mal de gorge) -supermarché, apiculteurs, magasins bio

-Migraines : baume du tigre, en émulsion sur les tempes -en pharmacie

-Odeurs, transpiration : talc sous les bras, dans le dos, et partout ou vous transpirez. Peut aussi servir de parfum -supermarché, boutique

-Démaquillage : l’huile végétale que vous trouverez (olive, abricot, amande…). Pensez aussi à l’eau de rose -supermarché, boutique

Coups de soleil : bicarbonate de soude (en bain) et aloe vera (huile essentiel ou feuilles+jus)

-Lessive : savon de Marseille (vous pouvez en couper un bout suivant la place que vous avez) -supermarché, boutique

 A ne pas oublier dans vos valises (ou votre sac à dos) :

– Des pastilles désinfectantes pour l’eau

– une bouteille d’eau (1L)

– Une brosse à dents qui se plie

– Des vêtements long et flottants pour éviter les piqûres de moustiques (les leggings sont trop fins)

 Et pour les dames, si vous êtes en mal de féminité dans un pays où les codes vestimentaires ne vous permettent pas toutes les fantaisies, Voici quelques idées pour rester coquette tout en étant à l’aise :

 Emmenez avec vous,

– un bâton de rouge à lèvre (de préférence qui ne soit pas à base de graisse de baleine, ou testé sur animaux), ou encore mieux un crayon, qui ne risque pas de fondre avec la chaleur. Il vous permettra d’avoir bonne mine sur les photos (malgré la fatigue), appliqué au choix, sur les lèvres, sur les pommettes (en étalant bien) ou en haut des paupières.

– Quelques paires de boucles d’oreilles (si l’excédent de bagages vous le permet), comme des petits anneaux en argent qui ne risquent pas de se perdre.

– Deux ou trois foulards (vous pourrez les trouver sur place suivant le pays), qui vous serviront tour à tour de ceinture, de châle, de pagne, de casquette (pour le soleil et la poussière, le choisir clair de préférence et en coton)…

Ils viendront apporter le plus bel effet à vos tenues et vous éviter de vous sentir décalé dans les soirées chics !

Vous trouverez sur place :

-des huiles essentielles qui, en petites touches derrière les oreilles pourront vous servir de parfum, tout comme le talc.

-du khôl gras (en poudre, vous risquez la catastrophe dans la valise!), qui désinfecte les yeux en plus de vous faire un regard de chat.

Jetez aussi un œil du côté des tenues traditionnelles de votre pays hôte, qui sont souvent étudiées pour allier praticité et élégance.

 Vous avez maintenant toutes les cartes en main, alors bon voyage !

Cette publication est ouverte à toutes vos suggestions et conseils santé, beauté! N’hésitez pas à les partager avec nous.


Les femmes des bus 678

Certains d’entre vous auront sans doute entendu parler du film « Les femmes du bus 678 ». J’ai eu la maladresse d’aller le voir avec ma mère, quelques semaines seulement avant de partir en Egypte. Nous n’avions alors pas beaucoup d’idées sur la vie des femmes en Egypte, et ce film nous a donné une idée quelque peu… inquiétante !

Il parle du harcèlement sexuel que subissent les femmes en Egypte, quotidiennement dans les bus du Caire. Ce film a fait couler beaucoup d’encre, et alors que je reviens juste de mon voyage, les gens me renvoient encore cette image d’un pays où les femmes seraient victimes. En Egypte, la problématique du harcèlement sexuel est soulevée par les organisations de la société civile, certains médias, et des collectifs se montent pour lutter contre, comme le collectif « The uprising of women in the arab world ».

On peut voir cela comme un niveau d’alerte sur la situation des femmes en Egypte, mais on peut aussi le voir comme la prise de conscience d’une des réalités des femmes dans le pays. La mienne sera distillée ça et là, pour vous donner à voir un avis qui se veut subjectif et dépourvu de sensationnalisme.

Mais d’abord qu’est-ce que le harcèlement sexuel ? Quelle idée vous en faites-vous ?

C’est se faire toucher les fesses par un inconnu en pleine rue ? Ça m’est arrivé, mais pas en Egypte. J’étais à Marseille, en France. J’ai pourtant entendu des histoires similaires lorsque je vivais à Alexandrie. C’est aussi arrivé à la plupart de mes amies du sexe « faible », devenant presque banal.

La plupart des victimes, n’ayons pas peur de les appeler ainsi, ont eu la première fois la même réaction : être paralysé de peur, de honte, ou les deux à la fois, et s’en aller sans rien dire. C’est aussi la réaction que j’ai eu. Parce qu’on se sent sale, qu’on a l’impression que cet individu s’est autorisé à violer notre zone de confort, à transgresser les limites de l’acceptable. Je ne vous parle pas ici des histoires de viol que l’on entend à la place Tahrir, lors des manifestations, faits connus pour décourager les femmes d’aller dans la rue et détruire la contestation. Je n’ai aucun témoignage là dessus. Je ne connais pas l’ampleur du phénomène et je ne peux qu’imaginer les dégâts qu’ils peuvent provoquer dans la vie des victimes.

Non, je vous parle ici de faits devenus presque banals, dans beaucoup de villes du monde et particulièrement en Egypte. Lorsque l’on raconte ce genre de mésaventure aux gens, la plupart chercheront à trouver une explication rationnelle à ce qui nous est arrivé : « tu ne devrais pas sortir à cette heure là ! », « tu ne devrais pas te balader seule », « tu devrais rentrer en taxi », etc. On m’a même suggéré plusieurs fois de me couvrir la tête pour avoir moins d’ennuis. Pourtant, c’est reconnu, les femmes voilées en Egypte n’ont pas moins de problème que les autres, comme le confirme Aswat Masriya :

 « C’est une question de domination, pas de sexe. Plus la femme est voilée, plus grand est le défi (…). Cela excite les hommes. » Propos rapportés par Hélène Sallon, Le monde, »Grimé en femme, un Egyptien « teste » le harcèlement sexuel ».

Il y a même un mythe qui dit que les filles en niqab sont les plus belles du pays et qu’elles intriguent encore plus les hommes qui se retournent sur leur passage, les épient, les suivent.

Mais j’ai beaucoup de mal à accepter de modifier mon comportement ou mes habitudes vestimentaires de peur qu’elles soient prises pour une invitation. Je ne parle même pas d’un pays en particulier. Car on parle beaucoup de ce phénomène en Egypte mais il existe aussi ailleurs, dans nos sociétés occidentales. Ainsi une jeunes étudiante journaliste avait fait l’expérience de se balader dans les rues de Bruxelles et de filmer les remarques des hommes en caméra cachée. Sa vidéo avait mis à jour des pratiques de harcèlement devenues courantes.

Combien de fois mesdames, avez-vous remarqué un homme profitant d’un bus bondé pour se coller d’un peu trop près à vous ? Est-ce là aussi du harcèlement sexuel ? Devons-nous nous méfier de tous les hommes que nous croisons et qui sont un peu trop tactiles à notre goût ? Les limites sont floues et on a vite fait de basculer dans la paranoïa. C’est un peu ce qui m’est arrivé lorsque j’ai pris les Ndiaga ndiaye, ces minibus bondés de Dakar, où quoi que l’on fasse, on se retrouve très vite collé à son voisin. Je pense que chacune d’entre nous a ses propres limites, en fonction de sa culture, de son éducation, mais aussi de ses expériences, heureuses ou malheureuses. Et le plus important à mes yeux, est que chacun les respecte ; Si ce n’est pas le cas, ne venez jamais me dire que c’était de ma faute !


Liebster award, il est temps de faire tomber les masques

@ la belle Nora, qui m’a nommée dans son blog Noriflex

@ tous les mondoblogueurs

And the winner is...
And the winner is…

Ce n’est jamais évident de se livrer, de parler de soi. Moi qui avais tout fait pour brouiller les pistes sur mon identité, qui avais même eu du mal à parler à la première personne en commençant mon blog ; voilà qu’on me demande des questions personnelles. Je maudis la personne qui en a eu l’idée de ces Liebster award (mon comparse mondoblogueur David Kpelly pour ne pas le citer). Mais comme nous l’a expliquée l’écrivaine Khadi Hane lors de la formation Mondoblog à Dakar, il est peut-être temps pour nous de nous lâcher, d’arrêter d’avoir peur de ce que vont penser les gens, de dépasser le politiquement correcte pour nous livrer un peu plus.

Ce n’est pas tout à fait en répondant à ce genre de questions qui ressemblent à celles que l’on poserait pour une élection de miss France, que j’envisageai la chose. Mais avant cela, les règles du jeu stipulent que je dois écrire 11 faits sur moi-même. Essai et tentative de réponse.

1. J’aime découvrir les pays par leurs musiques, où les musiques par les pays, je ne sais plus.

2.Je suis une soussa (سوسة), en arabe, cela signifie « sournois dans une belle façon», « qui sait tout sans que personne ne lui ai dit ».

3. Je crois qu’en fait, je suis aussi un peu féministe.

4.J’adore les makrouts (مقروط), ces pâtisseries du Maghreb à la semoule et à la pâte de datte.

5. Je n’ai pas peur du silence.

6. Je n’avais jamais écouté l’émission de Ziad Maalouf avant la formation à Dakar.

7. J ‘ai découvert en commençant mon blog que plus j’écrivais, plus ça devenait indispensable dans ma vie.

8.Je suis aussi paresseuse pour les exercices physiques que David Kpelly.

9. Je déteste autant les adieux qu’Ameth Dia, et pourtant j’ai l’impression de passer mon temps à en faire.

10. J’ai fait la liste des personnes qui lisaient mon blog avant de répondre aux questions qui suivent.

11 ; Je commence à apprécier ce jeu, même si j’aurais juré que non, on doit tous avoir une part de mégalomanie en nous.

Réponses aux questions de Nora :

1- Quel est le nom de votre blog et quel est votre message phare que vous passer ?

Entre médina et belle étoile. Le monde est vaste et diversifié, et l’on ne doit pas le regarder qu’à travers une seule lunette. Inversons nos regards, déconstruisons les imaginaires pour ne pas l’envisager systématiquement dans une dichotomie Nord-Sud, Riches-Pauvres, Noir-Blanc, Ying-Yang…

2- Quelle est votre couleur préférée et pourquoi?

En ce moment, c’est le orange, la couleur du soleil, car j’ai encore du soleil plein les yeux.

3- Quelle est votre chiffre préféré? 2.

4- Quel est votre vœu le plus cher?

Retourner à Dakar

5- Quel est votre coté négatif et sur lequel vous pensez que vous devez travailler?

Je suis très timide. Pas très original comme réponse, mais c’est là dessus que je travaille, c’est ce qui me pousse à voyager, à aller à la rencontre des gens, à traverser les frontières. Ça doit être symbolique.

6- Quel est votre coté positif que vous pensez que les gens apprécient ou que vous même vous appréciez?

Je suis douce comme le miel !

7- Qui pourriez vous considérer comme votre grand mentor dans votre développement personnel?

Nathalie Mbenda Kangami c’est un peu son métier, et elle à déjà commencé à être mon gourou ! Si elle me lit, elle va me dire que je n’ai rien compris à la psychiatrie !

8- S’il vous ait donné de changer une chose dans votre existence, laquelle changeriez vous?

Rien, surtout rien.

9- Quelle est votre citation préférée?

« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité »

Antoine de Saint-Exupéry.

10- Si vous devriez vous représenter par un symbole dans cette vie, par quoi vous vous représenteriez et pourquoi?

J’ai reçu en arrivant en France, ce symbole du phare d’Alexandrie

ILLUME by Mari Lagerquist. "Allumez le phare, il commence à faire sombre, il est temps pour un faisceau féministe"
ILLUME by Mari Lagerquist. « Allumez le phare, il commence à faire sombre, il est temps pour un faisceau féministe »

associé au symbole féminin, imaginé par une de mes compagnes de voyage. Je pense qu’il représente ce que j’ai vécu dans mon périple, et comment je me suis découverte.

11- Que pensez vous de la jeunesse et le panafricanisme?

La jeunesse est belle, la jeunesse est inventive et diversifiée. Mais la jeunesse est aussi opprimée, négligée, rejetée. Elle est peut-être l’espoir de demain pour porter les idées panafricaines au delà de l’utopie, dans des programmes politiques. Les « Etats-unis d’Afrique » comme l’explique le beau film de Yannick Létourneau, (en « hommage à ces révolutionnaires morts pour l’idéal d’une Afrique unie, indépendante et fière »). permettraient d’unifier les luttes contre les politiques néocolonialistes qui cherchent à diviser les peuples et les nations pour le profit économique, à l’instar de la Françafrique.

Mes questions aux mondoblogueurs :

  1. Quelle est la plus importante chose que vous aimeriez faire dans votre vie ?

  2. Qu’est ce qui vous en empêche ou comment pourriez-vous y parvenir ?

  3. Que recherchez-vous en écrivant ?

  4. Comment vous-est venue l’envie d’écrire, de tenir un blog ?

  5. Pour qui écrivez-vous ?

  6. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer ?

  7. Qui êtes-vous vraiment ?

  8. Quel est la chose que vous voulez absolument cacher dans votre blog ?

  9. Quel âge avez-vous ?

  10. Quel est votre vrai nom ?

  11. Quelle est votre adresse si je passe dans le coin ?

Je vous l’avais dit, je suis une soussa !

Je vous conseille d’aller lire…

Le blog de Mamady Keita, car il m’a touché avec ses histoires d’exils, de filles ukrainiennes, de train.

Carioca plus, car quand on lit Serge parler du Brésil, son pays d’adoption, on a des étoiles dans les yeux

Le blog de NattyK car quand je l’ai lu, je me suis dit qu’elle en avait dans le ventre cette dame là, et que j’avais très envie de la rencontrer.

Le blog de Limoune car son blog m’a rappelé mes cours de multiculturalisme de l’université, qui m’ont aidé à déconstruire mes modes de pensée et ont changé mon regard sur beaucoup de choses

La culture au service du développement, car il raconte un peu Alexandrie, et j’ai pu échanger avec son auteur sur l’écriture et la vie là bas avant même de connaître tous mes autres camarades

Le blog de Salma car j’adore lire le monde sous sa plume

From douala with love, car en lisant le titre j’étais déjà fan

Montréal anyway, car ses histoires de garçon torturé me rappelle les films d’Arte et j’ai adoré le détester

Le blog de Stéphane parce qu’en le lisant on a tous envie d’aller voir au 26 rue du Labrador.

Le blog de Daniel Ibohn, car j’adore quand elle parle de séduction

Le blog de Fatou car je ne suis pas seulement adepte de son blog, mais aussi de la dame de Tombouctou à la moto


Les « vieux sages » forment la jeunesse

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

Il y a un peu plus d’un mois de ça, j’étais à Siwa, une petite oasis de verdure en plein désert lybique. Je ne peux m’empêcher d’y repenser en regardant par la fenêtre de ma cabine ; dans le bateau qui aborde les côtes verdoyantes de la Casamance. Un enchaînement de nature se présente à moi, comme si je captais à vif des instants de vie pris au dépourvu. Je me sens tellement privilégiée, et en même temps presque gênée de regarder ça en spectatrice, tantôt consommatrice de cette aventure.

Je ne voudrais pourtant pour rien au monde revenir en arrière et n’avoir jamais vécu tout cela. Mais je me questionne, au delà du plaisir purement égoïste que ces voyages me procurent, de la jouissance de l’instant présent, que m’apportent-ils de plus ? Est-ce un but dans une vie que de voyager ? Est-ce une période que l’on doit vivre pour se construire, avant de s’établir, s’ancrer dans un port ? Ou bien est-ce encore mon formatage à la logique de projet (montage, déroulement, retours) qui me fait raisonner ainsi ? La culpabilité de m’éloigner de ce raisonnement en terme d’efficacité auquel je suis façonnée ?

Pourtant, il y a des moments où l’on doit lâcher prise face à cela. Notre esprit s’en accommode (très bien) naturellement. Mais lorsque les doutes nous assaillent, ce sont souvent les rencontres que l’on va faire qui nous permettent d’y voir plus clair.

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

En arpentant les petites rue ensablées de Ziguinchor, je suis tombée sur un panneau « Africa batik » devant une boutique, qui m’a donné l’impression que si j’entrais, je ferais ce genre de rencontre. Je ne me suis pas trompée. J’avais entendu parlé du bonhomme dans mon guide touristique, et j’avais presque abandonné mes recherches lorsque je l’ai trouvé. C’était une boutique de tissus batik, peints à la cire et trempés dans des bains colorés. Mais c’était aussi la maison d’un vieux sage qui avait connu l’exil depuis sa Guinée natale, et adorait compter son histoire. Il était d’ailleurs très fier de me dire qu’il avait été interviewé par TV5 Monde, Géo, Lonely Planet et tout un tas d’autres journalistes. Mais il aimait surtout parler du monde, de la politique, de la vie et de ses petites contrariétés.

Il m’a raconté comment il a commencé la fabrication et le commerce du batik en 1973, alors qu’il était arrivé à Dakar avec sa formation en mécanique des bateaux parce qu’on lui avait dit qu’il y aurait du travail là bas dans ce domaine. Il n’en a pas trouvé, mais il est resté, car il n’avait pas les moyens de repartir. Et après huit années de travail à Dakar, il est parti s’installer en Casamance, nouvellement associé à un français peu scrupuleux qui voulait sans doute profiter de son ingéniosité et de son savoir-faire.

Mamadou Cherif Diallo dans sa boutique. Crédit photo : Pascaline
Mamadou Cherif Diallo dans sa boutique. Crédit photo : Pascaline

Mamadou Chérif Diallo le comprendra très vite et fera finalement son chemin tout seul. Les affaires marcheront bien jusqu’au années 1990, quelques années après le début de la rébellion qui fera fuir les touristes et la principale source de revenus du commerçant. Mais aujourd’hui, il est toujours là, même s’il me dit qu’il rentrera un jour en Guinée. Il doit simplement préparer ça économiquement, en créant sans relâche, comme ce projet de marché artisanal à Cap skirring, là où se concentrent les masses touristiques de la région. En attendant, il refait le monde et illumine la journée des routards de passage, qui, comme moi, poussent la porte de sa boutique.

Je ne me souviens plus très bien de quoi nous avons parlé, même s’il m’avait prévenu que ce soit moi ou France inter, il dirait les même choses. Mais j’ai préféré laisser libre court à la conversation, et lui poser toutes les questions qui me taraudaient l’esprit, en oubliant mon interview.

Crédit photo : Pascaline
Crédit photo : Pascaline

J’ai juste gardé en tête une chose qu’il m’avait dit. C’est que ce sont les rencontres qui font les voyages et que si l’on veut vraiment que ceux-ci nous fassent grandir, on doit faire perdurer ces rencontres, car elles peuvent nous réserver de belles surprises.

Alors j’ai promis aux gens que j’ai rencontré ici de leur faire signe quand je repasserai, et de leur donner des nouvelles quand je rentrerai en France. Et je reviendrais, Inchallah !